Après quatre années de traversée en solitaire, ce blog migre vers des contrées collectives. Nils Holgersson, je pars avec les oies sauvages et rejoins l'équipe rédactionnelle du site Actualitté. Ne vous inquiétez pas, tout change, mais rien ne change. Le bouleversement dans la continuité c'est la révolution tranquille et, où que j'aille, j'emmène mes valises. Retrouvez-moi dès à présent à cette nouvelle adresse. Cadeaux de crémaillère bienvenus !
Retrouvez-moi, mardi 05 octobre, entre 16H et 17H, sur Le Mouv' (92.1 à Paris) où je serai l'invité de Frédéric Bonnaud, en compagnie de Sean Lennon.
Dans le cadre de la Nuit Blanche, je serai en lecture à la librairie Les Cahiers de Colette, 23-25 rue Rambuteau, samedi 02 octobre aux alentours de minuit.
Une interview est également visible sur le site Webtvculture.
(Chet Baker + Dexter Gordon)
Je ne résiste pas à l'envie de vous montrer ce dessin signé Pancho, accompagnant l'excellent article de David Fontaine, paru aujourd'hui dans le Canard enchaîné. Moi qui ai toujours eu un faible pour la caricature et les dessins de presse, j'avoue (mais du bout des lèvres) être tout de même un petit peu fier.
La découverte de soi : Il s'agira pour le protagoniste de faire mentir l'oracle. On se trompe aussi à Delphes, comme ailleurs et y aurait-il, après tout, meilleure ambition que de plier le destin, quitte à dévisser ? Éducation, non pas sentimentale... histoire d'une chute, d'un saut.
Une variation sur le topos littéraire de la visite au « grandécrivain ». En son temps, d'Ormesson pélerina chez Mauriac et nombreux sont ceux qui se rendirent chez Gracq, mais les éléphants, aujourd'hui, se font rares. Tournier en son presbytère reçoit encore les doléances. Ira-t-on un jour chez Houellebecq, à genoux, dans la vallée mal entretenue de sa Compostelle gaëlique ? L'adoubement est toujours un rite de passage, mais il s'agira ici de briser le témoin. La transmission s'arrête là, refus du même et de la perpétuation. Déclinaison à rebours.
Réécriture en filigrane de Heart of darkness de Joseph Conrad, avec la moto pour navire, la banlieue pour la jungle, Céline dans le rôle de Kurtz et Gérard dans celui de Marlow. La Seine prend alors des allures de Congo. L'édition tiendrait-elle, en fin de compte, du commerce de l'ivoire ?
On constatera, après coup, qu'il n'y a pas de nouveauté, car celle-ci n'existe pas.
Les Noirs commencèrent à s'interpeler, utilisant « nigger », comme un signe de ralliement. L'insulte fut dérobée à ses utilisateurs traditionnels pour devenir un motif de fierté, coupant ainsi l'herbe sous le pied de la majorité blanche. Ainsi, la prise de pouvoir verbale transforme le péjoratif en mélioratif, le stigmate en étendard.
En 1930, Ernst von Salomon publie Die Geächteten, (Les Réprouvés), récit autobiographique décrivant la lutte conservatrice des corps francs dans la République de Weimar. Ce mot devient immédiatement un signe de ralliement pour les groupuscules d'extrême droite, incarnant la lutte de quelques uns contre une démocratie européenne jugée déliquescente. Drieu la Rochelle, très tôt, exprimera son admiration pour Salomon, faisant sien le substantif. Aujourd'hui, plus généralement, est qualifié de réprouvé l'écrivain qui se tient à la marge de la morale et des valeurs républicaines, animé par un combat contre la multitude qu'il sait désespéré. La cause perdue, l'élitisme et le suicide sont les piliers de ce « courant littéraire » qui s'ignore en tant que tel et relie en diagonale Ernst Junger à Mishima. Équivoque, le mot se veut toutefois libre et orgueilleux, clairement revendicatif.
D'où le désir un peu saugrenu de faire mon petit Huey Newton et de subtiliser ce terme à son milieu d'origine pour en faire quelque chose d'autre, quelque chose de symétriquement opposé en terme socio-politique : le nationaliste de droite devient radical-socialiste, le hobereau allemand, un demi-juif sans grade et le suicidaire, un survivant.
Ce titre est un vol de drapeau.
J'ai cohabité quelques temps avec ce mot, sachant d'emblée qu'il me faudrait en faire quelque chose. J'ai tiré ensuite sur le fil, dévidé la pelote et tricoté sagement... Le roman tenait pour ainsi dire là-dedans, au coeur de ce réduit lexical, poème à minima, haïku de l'extrême. L'inquiétude de se voir déposséder in fine s'installe dès lors et ne vous quitte plus.
On se cherche ensuite toutes les justifications du monde comme on se cherche les poux, et ce faisant, on trouve des explications tout à fait rationnelles à des choses qui le sont moins. On ripoline, on justifie. Le Moi procède ainsi au grand ravalement.
à suivre...En vieillissant à mon tour, j'ai fini par abandonné cette idée, renonçant à la pensée magique et au Deus ex machina de la missive testamentaire, ou plutôt, comprenant qu'il ne me serait donné aucune explication, j'ai entrepris petit à petit de rédiger ce texte manquant. Ainsi, j'ai le sentiment d'avoir fait du plein avec du vide. Cette lettre attendue, tant désirée, qui ne viendra finalement pas est devenue un roman. Ce roman s'intitule Le Réprouvé et paraît donc, logique implacable, au moment du décès de mon père.
Voici le résumé que j'ai fourni aux représentants chargés de porter ma bonne parole en ces terres difficiles que sont les librairies. Peut-être deviendra-t-il la 4è de couverture ?
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Dans le monde des vivants, l'Académie Goncourt s'apprête à décerner son prix.
Louis-Ferdinand Céline, quant à lui, se terre à Meudon, au purgatoire.
Comme chaque semaine, Gérard Cohen, garçon de courses chez Gallimard se rendra chez l'auteur, troquant le vieux vapeur des deltas africains pour la bécane de l'Équipée sauvage. La « visite au grand écrivain » n'en sera pas moins une remontée du fleuve, vers les profondeurs de la jungle.
Le débutant se confronte alors au génie, l'adolescent à l'homme déjà vieux et le juif à l'antisémite. Celui qui ne fut pas vraiment un martyr doit faire face à celui qui ne fut même pas un véritable bourreau.
Comme dans Au coeur des Ténèbres de Joseph Conrad, le périple qui mène à Kurtz sera d'abord une découverte de soi.
Se frayant aussi un chemin dans le dédale de la mémoire, il faudra que le narrateur affronte ce que Julien Green appelait « l'aventurier qui se voue au mal [...] et qui domine tout un peuple d'esclaves par la seule magie de sa voix ».
Peinture du milieu littéraire et du Paris des années cinquante, Le Réprouvé est avant tout le récit d'une initiation."
Peu de choses à rajouter depuis mars 2007, aussi ton inhumation me permet d'exhumer cet ancien texte. Peut-être, cette inhumation servira-t-elle à exhumer les tiens ? Tu es maintenant là où les canards vont en hiver, sunbird oldtimer, loin du New Hampshire où je fus, sans même le savoir, ton voisin. Je retournerai au Museum d'histoire naturelle. J'y relirai Teddy...