Chaque matin, je butte sur la prophétie apocalyptique d'un fou. Les affiches publicitaires ont beau se succéder. En vérité, je vous le dis, je guette avec anxiété le remplacement des grands étendards, non pour leur message plein d'une gloire certaine, mais bien pour le commentaire qui s'y renouvelle sans cesse.
L'argument lui sert alors de support, de page, de dazibao. Il lui faut des aliments sous vide et des placements financiers pour proclamer le retour du messie, la fin des temps et des haricots Bonduel. Je ne sais pas qui est ce type qui s'acharne avec une constance sans égale à barbouiller son espace, à le noircir de phrases. Il s'agit d'un dément, mais je le trouve admirable. Rien ni personne ne le détourne de sa tâche et chaque jour il enrichit son délire de nouveaux épithètes.
Je pense à lui souvent. Je pense à Antonin Artaud, bien évidemment. Pourtant, le style n'y est pas. Ce serait vraiment trop beau, mais je ne sais pourquoi, le fou qui écrit inspire toujours l'indulgence.
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