Dans la fraction littéraire de la blogosphère, cette mini-bulle où je papillonne, de nombreux auteurs ou futurs auteurs ont entrepris depuis quelques temps d'exposer les dessous intîmes du monde littéraire, les "dessous chics" aurait dit Jeanne Birkin. Frédéric Ploton par exemple, nous relate ses entrevues avec Dali, son éditeur à la fine moustache. Thomas Clément et Dolce quant à eux ont rendus public leurs lettres de refus, circonstanciées ou non, dactylographiées ou manuscrites. Tous nous ont emmenés de l'autre côté du miroir, là où votre oeuvre n'est plus qu'un tas de papier encombrant sur un bureau déjà surchargé. Il est pourtant un personnage crucial du monde des Lettres, dont la discrétion extrême a empêché jusqu'à aujourd'hui la description. Je veux bien entendu parler du Lecteur.
Pour vous Mesdames et Messieurs, en exclusivité internationale, je vais donc en révéler les petits secrets. Tout d'abord, le lecteur, comme souvent rue saint-André-des-arts, est une lectrice. Ensuite, ce personnage homme ou femme n'appartient pas à la maison d'édition à proprement parlé et reste par conséquent invisible. Attention, ne vous méprenez pas, cette distance est inversement proportionnel à son pouvoir. C'est généralement quelqu'un de mûr, à qui l'on fait toute confiance, le conseiller du prince en quelque sorte. Cet être désincarné produit alors ces fiches qui vous sanctifient d'un coup de baguette magique ou vous assassinent. On comprends aisément pourquoi ces documents sont par nature inaccessibles, introuvables. Le cas échéant on niera même les avoir produits, ou bien les avoir lus. Chez Gallimard et depuis toujours, les fiches sont anonymes, archivées selon un code secret permettant éventuellement aux seuls initiés d'en identifier la provenance. Et pour cause, beaucoup d'écrivains talentueux ayant connu une gloire ultérieure y sont copieusement brocardés.
Ne me demandez pas comment j'ai fait pour me procurer ce document, l'effraction et la corruption étant des délits sévèrement punis par la loi. Toujours est-il, que je l'ai obtenu, ma fiche à moi, le Saint-Graal, le sésame qui ouvre toutes les portes. De ce lecteur qui m'a permis d'être là aujourd'hui je sais bien peu de choses. C'est une femme d'une cinquantaine d'années, qui a presque tout lu, beaucoup vu et "à qui on ne la fait pas" (verbatim). À dire vrai, ce compte rendu est tellement élogieux que je ne m'y retrouve pas tout à fait, je rougis devant mon écran. L'humilité devrait même m'interdire de diffuser ce document et je ne le publie que pour vous donner plus encore l'envie de me lire.
Lectrice anonyme, où que vous soyez, je vous aime !
C'est sympa d'avoir été voir mon blog de primo.
Rédigé par : Jerome | 16 juillet 2007 à 13:08
Merci à vous et bon courage. Il en faut énormément. C'est sans doute la vertue cardinale pour réussir dans cette entreprise.
Rédigé par : Mikael | 16 juillet 2007 à 10:22
Intéressant, cela confirme bien ce que je savais sur le tri des manuscrits qui arrivent dans les maisons d'édition. Un beau résultat ! Bravo. Hélas, je n'en suis pas encore là, mais qui sait, un jour peut-être... ?
Rédigé par : Jerome | 16 juillet 2007 à 09:20