Vos livres ont une histoire, mais vous êtes le seul à le savoir.
Vos livres ont une histoire, mais en ont-ils seulement conscience ?
Il pourrait en être autrement dans un avenir proche. Frédéric Kaplan, chercheur au Sony Computer Science Laboratory de Paris nous explique comment dans le Livres-Hebdo de la semaine dernière.
Les futurs appareils fonctionnant à l’encre électronique garderont une trace de vos lectures, de vos goûts et de vos habitudes. Vos annotations, vos retours en arrière, vos commentaires, vos interruptions plus ou moins longues finiront par former un paratexte qui enrichira le texte lui-même. Lire une histoire ne sera plus une expérience totalement solitaire. Vous pourrez si vous le souhaitez avoir accès aux détails des lectures précédentes, au style et aux réflexions de vos grands-parents, lecteurs en leur temps du même roman que vous. Plus extraordinaire encore, les textes sauteront d’un appareil à l’autre sans vous prévenir, en fonction de l’intérêt que vous leur porterez. Un roman mal-aimé vous quittera pour aller se faire lire chez la voisine. Vous découvrirez des textes inconnus, attirés chez vous par des affinités électives. Science-fiction, me direz-vous ? Que nenni ! Le principe existe déjà. À Göteborg, en Suède, des scientifiques ont réalisé une expérience sur des baladeurs MP3 équipés de connexions Wifi. Vous montez dans le bus et votre baladeur communique avec celui du passager assis à côté de vous. Chaque morceau est à même d’évaluer à quel point il est apprécié. À partir de sa propre histoire, il décidera ou non de migrer vers un auditeur plus attentionné. À la descente du bus, chaque utilisateur se retrouve avec une nouvelle liste de lecture, dont l’origine généalogique est traçable. Chaque fichier aura une histoire singulière, un lignage unique.
L'information se dote d'une intelligence primitive. Elle lui dicte un comportement en vue d'assurer sa propre survie et son développement dans l'océan du réseau. Le livre est un tamagoshi !
Le book crossing est une tentative relativement similaire concernant le livre papier. On abandonne un livre sur un banc en y inscrivant son nom et puis on suit sur Internet son parcours chez d’autres lecteurs. L’histoire du texte, son passage de main en main fera partie du texte. Qui n’a jamais emprunté un livre à la bibliothèque municipale ne comprendra jamais ce plaisir-là. La première chose que l’on fait généralement, c’est regarder les noms des lecteurs qui nous ont précédés, annotés sur la page de garde. Voir défiler les mois et les années jusqu’au lecteur originel, est une expérience unique qui vous situe dans le temps. Vous faites partie d’une chaîne.
Je ne crois pas que l’encre électronique remplacera totalement la cellulose. Après tout, la généralisation des cartes de crédit n’a pas supprimé les pièces et les billets. Chaque système a trouvé la place qui lui était le mieux adaptée. Il en sera de même avec les livres numériques, lorsque la technologie aura trouvé un concurrent sérieux à la sensualité du papier.
Si vous vous souvenez de vos lectures, très bientôt, vos lectures se souviendront de vous !
Je l'espère bien ! Certains auteurs pourraient avoir de méchantes surprises !
Il n'est pas impossible qu'une fois relaché dans la nature, certains livres, devenus entités autonomes, retournent même à l'état sauvage.
Mais s'il est vrai que la technologie est neutre, l'usage que nous en faisons ne l'est pas. La révolution est déjà en marche. C'est pourquoi lecteurs et auteurs devraient d'hors et déjà réfléchir aux possibilité offertes par ce type de systèmes, afin de ne pas laisser le champ libre aux marchands qui eux se préoccupent de ces choses là.
Rédigé par : mikael | 11 juin 2006 à 23:28
Très Orwellien tout ça...
Intéressant, passionnant et inquiétant à la fois. Même en imagination, difficile de prévoir de telles possibilités !
Penses-tu que les auteurs seront informés par les livres des réactions des lecteurs ? :-)
Rédigé par : Buzz littéraire | 11 juin 2006 à 22:56