L'Onirographe

Il m’arrive de rêver comme on lit une fiction. Je veux dire par là que je ne participe pas directement  à l’action. J’en suis tout au plus le lecteur, ou bien le spectateur. Le rythme est celui d’une narration. Parfois même, un commentaire accompagne le déroulement de la scène et j’écoute alors cette voix, comme j’écoutais enfant les histoires qu’on me lisait avant de m’endormir. Sauf que là, je dors déjà. Ces rêves ont l’aspect de la littérature, sans en être tout à fait.
On s’interroge ici sur la possibilité de réaliser des rêves lucides, ou conscients (ce qui au passage est un intéressant oxymore). Avoir conscience de son état et en profiter pour controler le déroulement de l'intrigue, voila peut-être une nouvelle forme d'écriture ? Je préfère pourtant m’attarder sur l’influence des arts dans la construction du rêve. Lorsque je parle de mes songes, j’emploie invariablement le vocabulaire de la littérature ou bien souvent du cinéma. La structure est composée de flashbacks et d’ellipses. Les images révèlent des mouvements de caméra, longs panoramiques ou travelling. Le sommeil est-il à l’origine de la mise en scène, du paragraphe et de la métaphore, ou bien rêve-t-on différemment depuis que les artistes nous abreuvent de leurs visions ?
Je sais ce que vous allez me répondre. Freud et Lacan ont défriché tout cela depuis belle lurette, mais à mon avis la psychanalyse est au rêve ce que le guide Michelin est au baroudeur, un tue l’amour sans équivoque.
Pour trancher, il faudrait remonter le temps et demander à Laurent de Médicis si ces rêves ressemblent aux toiles de Botticelli.
Philip K. Dick pensait il y a quarante ans que les androïdes rêveraient un jour de moutons électriques. À contrario, on peut légitimement se demander si les concepteurs de jeux vidéo rêvent aujourd'hui de labyrinthes, de plombiers moustachus et de tuyaux qui fuient.

Comments

[Rédigé par : prixdeflore2006]

J'ai bien peur que le réel ne nourrise plus nos rêves que l'inverse...
Des mouvements de caméra ? Je me souviens d'un rêve semi-conscient, avec un CD en fond sonore, à inventer un vidéo-clip entier.
En revanche, je ne sais toujours pas si dans mes rêves il y a des effets spéciaux...
Bonnes nuits !