Créer des personnages, avoir sur eux droit de vie et de mort, leur faire connaître joie et souffrances, c’est être un dieu au moins égal à celui de Job. Si le grand barbu nous a fait à son image, c’est sans doute dans la capacité à créer qu’il faut chercher la ressemblance. L’écrivain s’essaye donc à concurrencer la vie, à produire des mondes sensibles.
Les créatures pensent savoir ce qu’est la mort, en discourent même de temps à autres, mais ne se doutent pas qu’une fois la dernière page refermée, leur existence sera, sinon définitivement interrompue, tout du moins mise entre parenthèses, comme ces batraciens qui cessent de vivre en attendant des jours meilleurs ou un climat plus propice.
Si les personnages de fiction passaient leur temps à lire (ce qui est assez rare en définitive) peut-être auraient-ils comme moi conscience de leur caractère éphémère. Lorsqu’ils pensent parler de Dieu, ils parlent en réalité de moi qui les écrit et dont ils ignorent tout. S’ils savaient à quel point leur démiurge est en réalité impotent, paumé, pétri de contradictions et victime à son tour d’un écrivain invisible qui se joue de lui, ça les fouterait sûrement par terre.
@ wrath : rien de tel que le pouvoir que l'on s'octroie...
@ Emmanuelle : Méfies toi mécréante, par les temps qui courent, on lapide pour moins que ça ;)
Rédigé par : Mikaël | 03 octobre 2006 à 23:18
Créer des personnages, c'est la seule partie agréable du travail d'écriture. Peut-être parce qu'on a le pouvoir de vie et de mort sur eux, justement:)
Rédigé par : wrath | 03 octobre 2006 à 12:35
Sauf que l'écrivain invisible n'existe pas, mais toi, oui !
Rédigé par : emmanuelle Pagano | 03 octobre 2006 à 06:53