Loin de moi l’idée de remettre en question les Droits de l’homme, difficilement acquis et toujours peu respectés, mais au corpus de 1789 et 1948, viennent aujourd’hui s’ajouter une infinité de valeurs irréalistes qui contribuent à l’inflation législative et au discrédit de la démocratie. Le droit au bonheur de la déclaration d’indépendance américaine a ouvert en 1776 une brèche où s’engouffrent aujourd’hui les déçus et les rêveurs. La noblesse de l’intention cache mal l’impossibilité à rendre le monde meilleur et plus juste. C’est une poudre que l’on jette aux yeux ébahis pour se rassurer et se donner bonne conscience.
On ne cesse d’avoir droit à tout, tandis que le monde offre de moins en moins. À mesure que les inégalités se creusent, les parlementaires impuissants accumulent du texte, du droit opposable, des mesures de protection inapplicables. On dissimule derrière un paravent néo-juridique l’inutilité chronique de la représentation nationale.
Les bras ballants devant la destruction pierre à pierre du Service Public, on revendique de nouvelles mesures pour mieux se voiler la face. Moins il y a de garde-fou et plus on en demande, à propos de tout et n’importe quoi. Le droit au travail, le droit au logement, qui dans une société capitaliste ont autant de réalité que la licorne et le serpent de mer, viennent à point nommé pour donner le change. Aujourd’hui, on revendique même le droit à l’orgasme, à l’enfant, le droit d’être aimé et enfin le droit à la reconnaissance post-Warholienne. Puisque les pièges de la maladie peuvent être déjoués, pourquoi ne pas éradiquer la misère, la solitude et même l’anonymat. Insensiblement, le droit à la publication fait aussi son chemin. Il finira sans doute par triompher avec l’avènement du numérique, alors qu’aucun éditeur n’a jamais rien promis à qui que ce fut. À l'exception des margoulins du compte d'auteur, aucun d'entre eux n'a sollicité nos manuscrits. Un jour prochain pourtant, nous serons tous heureux, extatiques, célèbres et bien portants, parce que nous le valons bien...
Le monde éditorial reste fermé, élitiste, fondamentalement inégalitaire. Contrairement aux idées reçues, il l’a toujours été. Il faut se battre pour entrouvrir la porte et sans aucune garantie de succès. Le rêve est à ce prix.
Et à mesure que le temps passe, si on a su préserver toute la saveur du gâteau ( ou plutôt des gâteaux successifs!),la cerise devient de plus en plus pâlichonne, c'est ça qui est bien....
Rédigé par : marie pierre françois | 27 juillet 2007 à 13:59
Moins nécessaire, tout est relatif ! Ayant déjà satisfait aux trois premières conditions, il ne manque que le superflu, un éditeur au besoin ; comme une cerise sur le gâteau …
Rédigé par : Jerome | 26 juillet 2007 à 13:12
Oui, c'est tout à fait juste, mais pour en revenir à l'édition, ça n'est pas plus difficile que le reste (sachant que dans la vie tout est difficile).
Trouver l'amour, un travail ou un logement est tout aussi compliqué que trouver un éditeur (à noter toutefois que l'éditeur apparait beaucoup moins nécessaire que le reste)
Rédigé par : Mikael | 26 juillet 2007 à 13:03
Au moins, les éditeurs ne promettent rien, eux ! Ce qui en effet n'est pas le cas de certains, que je ne nommerai pas, pour ne fâcher personne. La presse, comme les médias de tout poils, se fait "l'écho de la tendance, des goûts et désirs du public, d'après eux. Ils nous expliquent que "les gens" veulent des droits, des mesures, des avantages, des…, des… et encore des…, c'est l'air du "toujours plus". Ils ne font, surtout, que créer des besoins qui font que personne n'y trouve son content. Un texte ne résout pas un problème, sinon, on le saurait depuis longtemps. Les politiques ne sont pas meilleurs sur ce plan, tous veulent laisser une marque, leur marque. Un texte de loi bien à eux, portant leur nom de préférence et qui leur permettra de dire qu'ils ont fait bouger le monde.
Rédigé par : Jerome | 26 juillet 2007 à 12:42