Ray Bradbury se serait-il trompé ? On ne brûle finalement pas les livres. On les noie dans un océan de publications diverses. C'est dans le flot de paroles que la parole devient inintelligible, où comme dans la Lettre volée d'Edgar Allan Poe, la pièce à conviction devient invisible parce que laissée bien en évidence.
La masse détruit l'individu, aussi sûrement que la masse des livres désamorce la littérature. Le déluge, plutôt que le feu ! C'est un choix de civilisation, où la société de la fausse abondance rejoint en fin de compte et par ses travers, la société du manque organisé.
L'agitation, le brouhaha sont dans le nombre. Je tend pour ma part vers une forme d'immobilité thermodynamique, un rêve pervers et impossible. Pourtant, le zéro absolu ne peut être atteint qu'en théorie. Pratiquement, le temps nécessaire à extraire l'énergie résiduelle est inversement proportionnelle à la quantité d'énergie extractible. En d'autres termes, moins il en reste et plus ça prend longtemps, comme dans le paradoxe de Zénon, où l'on parcourt à chaque pas la moitié de la distance nous séparant de l'objet à atteindre. La distance, aussi faible soit-elle, étant toujours divisible par deux, il devient impossible de toucher au but.
Quoi qu'il en soit et en guise de conclusion, il me faut reconnaître que j'en viens toujours aux même métaphores, indépendamment du sujet abordé. La métaphore trahit l'obsession bien mieux que le sujet d'étude.
Merci beaucoup.
Rédigé par : Mikael | 10 juin 2008 à 00:33
très cher Mikaël,
décidément, ce que tu écris - dans cette masse publiée - est toujours pertinent et tellement bien dit. Comment exprimer mieux les choses qu'en ces qq mots sensibles. Je pense comme toi : ainsi, nous sommes deux. Dans la masse, sommes-nous deux de trop ou seulement deux, donc pas assez pour renverser ce système et creuser un sillon prometteur ? Je suis fière de te connaître (un peu) et de d'avoir publié (si peu)sur D-Fiction...
caroline
Rédigé par : Hoctan | 08 juin 2008 à 17:28