La psychiatre et psychologue américaine Élisabeth Kübler-Ross a mis au jour dans les années soixante le processus par lequel un individu fait face à l'imminence de sa propres fin. Ce cheminement semble toujours constitué de cinq étapes : déni, colère, marchandage, dépression et acceptation, sans que ces différents stades soient forcément chronologiques.
Je ne sais exactement pourquoi, bien que Freud ait lu Aristote, mais ce corpus de réactions fait écho chez moi aux cinq caractéristiques principales de la Tragédie, tels qu'on peut les trouver dans le livre VI de la Poétique : mimesis, hybris, hamartia, nemesis et enfin catharsis.
Ce télescopage étrange et mû par je ne sais quoi d'inconscient, vient finalement s'associer à une typologie personnelle de la vocation littéraire, dont la forme, souvent corrigée, offre pourtant des similitudes troublantes avec les analyses précitées.
Tout commence toujours par l'intuition de la transcendance. Il doit exister quelque chose quelque part, continent familier et restant à découvrir, où le sentiment d'étrangeté ferait place au confort.
Vient ensuite la cristallisation (que Stendhal me pardonne) au cours de laquelle une proximité avec le médium, une sensibilité particulière fixe définitivement le regard, choisit la forme à travailler.
L'identification à l'image du poète, à la figure de l'artiste donne naissance à une relation de gémellité fantasmatique, béquille de la solitude.
Le poids de la vocation, l'admiration pour les ainés, ainsi que la conscience de plus en plus vive des difficultés techniques restant à surmonter, entrainent un rejet temporaire, une surdité face à l'appel. La peur engendre alors une paralysie, bref ce que les médecins nomment aujourd'hui la sidération.
Enfin, il ne reste plus qu'à renoncer partiellement à soi. La dernière marche de cette assomption étant bien entendu la soumission, la reddition sans condition aux forces qui nous animent.
D'où l'idée un peu absurde d'un tableau de correspondance dont vous ferez maintenant ce que vous voudrez.
@Thibault : Pas de panique, la délivrance est proche...
Rédigé par : Mikael | 02 juin 2008 à 20:09
J'en suis à l'étape Dépression/Nemesis/Rejet-sidération...
En attente de catharsis...
Rédigé par : Thibault Malfoy | 02 juin 2008 à 19:15