Cette figure, celle de Bandini écrivant Le Petit chien qui riait, dans sa chambrette de Bunker Hill m'a accompagné durant de nombreuses années, jusqu'à trouver un écho certain dans le personnage de Thomas Steren, vivant sous un nom d'emprunt dans une pièce unique, reflet immobilier de sa propre conscience. Le réduit est ici l'origine de la trajectoire. Du studio, comme métonymie balzacienne de la psyché contemporaine.
Il se trouve que Louis Calet, l'écrivain oublié, était en réalité un fugitif du nom de Raymond Barthelmess, qui après avoir dérobé une importante somme d'argent à son employeur s'était enfui en Amérique du sud où il avait claqué la totalité de son butin. Après de rocambolesques revirements, il se retrouva dans un appartement minuscule de la rue Edgar Allan Poe, à Paris, où il écrivit d'une traite ses trois meilleurs romans.
Évidemment, c'est aussi rue Edgar Poe que séjourne Thomas Steren dans OMICRoN et tout ceci serait d'une banalité affligeante si je m'étais inspiré de la vie de Calet pour écrire ce roman. Or, j'ignorais tout de cette anecdote jusqu'à aujourd'hui et il s'agit par conséquent d'une de ces coïncidences, si tant est qu'il existe une telle chose en ce monde de signes. Ces deux personnages, ces deux écrivains à l'identité masquée, l'un bien réel et l'autre fictif, l'un sur le départ, l'autre à son point d'arrivé, ont eu et auront donc toujours le même domicile.
L'écrivain réel et son double littéraire. On se croirait dans Pessoa, avec ses hétéronymes...
Rédigé par : Feuilly | 29 novembre 2009 à 02:13
C'est fou... Cette histoire est extraordinaire. Il y a presque le début d'un roman !
Rédigé par : Paul-Henri Sauvage | 10 novembre 2009 à 09:23