L'autre soir, quelqu'un m'a demandé ce qu'était pour moi le
Postmodernisme en littérature. Et oui, depuis que des éditeurs s'intéressent à moi, on me demande mon avis sur Michel
Houellebecq, l'horoscope de Télé 7 jours et les encycliques du pape.
Je m'apprêtais à répondre tant bien que mal, lorsque soudain, une image
m'apparut...
À la fin des années soixante, Sonia Rykiel tricote un pull à l'envers,
l'expose dans une boutique de Saint Germain-des-prés et connait une
gloire fulgurante. Vogue Magazine la baptise même "reine de la maille"
et son style devient rapidement universel. Lorsqu'elle parle
aujourd'hui de ce fameux pull aux coutures apparentes, elle explique
que ce geste était chargé de sensualité, les coutures normalement en
contact avec la peau étant ici exposées à la vue de tous. Ce pull, tout
en restant un vêtement, devenait tout à coup un commentaire du
vêtement, un objet à la fois ironique, car démystifié, et subtilement
érotique.
Je crois que le roman postmoderne est similaire en tout point à ce
pull-over. Tout en exposant une histoire, il tente d'en commenter la
genèse, le developpement. Ses coutures ne sont plus en contact avec
l'âme (l'Inconscient, diront les Lacaniens), mais sont au contraire
offertes à la curiosité du lecteur. De la distance entre l'auteur et
son sujet nait alors l'ironie. De sa prise de risque nait parfois
l'érotisme.
Je ravalais mes définitions universitaires et racontais cette histoire
de pull. Je crains que ma toute neuve et fragile réputation n'en n'ait soudain pris un
coup...
Commentaires