Et si la littérature était une forme de religion ? C'est tout du moins une forme d'ascèse. On reproche souvent aux auteurs leur discrétion maladive, leur éloignement stellaire. N'en déplaise à certains, mais la Comédie humaine ne fut pas rédigée chez Castel. On sous-estime la nécessité du temps et de la solitude, par souci de rentabilité médiatique. On peut se poser la question autrement. Si la Ventoline avait existé, Proust serait-il devenu un grand écrivain ? Je ne le crois pas. C'est l'enfermement et la maladie qui sont à l'origine de la Recherche, bien que celle-ci se nourrisse de mondanités.
En cette période où la célébrité éphémère et instantanée fait office de repère, la disparition n'est-elle pas finalement la dernière forme de subversion possible ? J'ai choisi de placer le protagoniste de mon roman à la croisée de ces chemins. D'un côté, Saint Siméon le stylite qui vécut seul au sommet d'une colonne dans la misère et le recueillement, de l'autre la célèbre et visionnaire expression de Bernard Grasset : "La publicité, c'est l'audace de proclamer acquis ce que l'on attend".
(à suivre...)
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