Il existe un phénomène aussi littéraire qu’astronautique. Lorsqu’un engin spatial rentre à nouveau dans l’atmosphère, les gaz qui l’entourent sont ionisés par la chaleur extrême et la vitesse. Il en résulte une perte complète de communication avec le sol pouvant durer plusieurs minutes.
À l’approche de la rentrée littéraire, une expérience similaire attend les auteurs. Alors que cinq cents et quelques romans sont déjà prêts à sortir, que les journalistes ont bien reçus leur service de presse et que les libraires attendent leurs cartons d’office, les maisons d’édition ne répondent plus.
On a beau s’évertuer à laisser des messages, à traîner puérilement près du Flore, c’est le blackout radio. Les éditeurs potassent leurs manuscrits au bord de la piscine. La rive gauche tout entière se délocalise dans le Lubéron. Cette transhumance annuelle, à l’instar de la trêve des confiseurs, ponctue le passage du temps plus sûrement que le calendrier et indique au copiste blafard le retour de l’été. Les portes cochères restent closes, les suppliques vaines. Pas la peine d’insister, la ligne est hors d’usage, kaputt. Les portables restent coincés sous d’interminables tunnels. Au bout d’un certain temps, on ne croise plus rue de Buci que des touristes Américains aux faux airs de Gene kelly. Bref, on n’entend plus la guitare !
Le pire, c’est que la sensation de manque est vite oubliée. Ce qui paraissait hier insurmontable devient presque plaisant, trop court. On en souhaiterait presque un nouveau sursis. Allez, encore quelques jours avant le grand déballage, le sacrifice rituel, le bûché expiatoire…
- Allo, St-Germain-des-prés ? We’ve got a problem…
Tout est normal ! On est en pilotage automatique, le parachute va s'ouvrir, par le hublot on distingue déjà le bleu du ciel redevenu clair. Attention au choc pendant à l'amerissage !
Rédigé par : mikael | 05 juillet 2006 à 18:00
Ah, je ne suis pas la seule à qui ça arrive:)
Rédigé par : wrath666 | 05 juillet 2006 à 15:20