Faire vivre des personnages, comme on maintiendrait une ribambelle de clones sous goutte à goutte, c’est se conférer un pouvoir surnaturel digne des Dr Jekyll et Frankenstein. En cela, Stevenson et Mary Shelley n’ont pas tant produit de célèbres romans de science fiction que des œuvres métatextuelles, traitant essentiellement de littérature et du rôle de l’écrivain.
À contrario, habiter momentanément une dépouille inanimée, c’est aussi subir son influence, sentir sa chaleur refluer, voir le monde par les yeux d’un autre.
Moi qui m’amuse avec la rhétorique, embrasse des points de vue divergents, change d’avis comme de chemise et jusque dans ces pages, où j’argumente et me contredis sans cesse, étais-je donc prédestiné à manipuler une collection de braillards polémistes ? Le jeu seul semble dicter sa loi inconstante. Est-ce la pratique assidue des marottes qui m’a rendu versatile ou bien au contraire un trait de caractère (character) qui me pousse constamment au déguisement ?
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