Les rares moments où je cesse de lire sont également ceux où je me mets à écrire. Il est curieux de noter à quel point ces deux activités complémentaires sont chez moi les deux pôles d’un courant alternatif. Les périodes se succèdent donc sans se chevaucher. J’ingurgite puis je régurgite. Beaucoup d’auteurs ont la faculté de se livrer aux deux simultanément. Il en est même qui écrivent dans des périodes de lecture frénétiques.
Non, vraiment, je ne suis pas de ceux là. L’énergie disponible m’apparaît unique et indivisible. Il faut que je choisisse ma cible. Lorsque j’écris de manière assidue, la lecture devient soudain superflue, chronophage, mais aussi laborieuse. L’envie, le désir sont monopolisés ailleurs. Comment disait Gainsbourg déjà ? « La vie est un mouvement alternatif, qui va du dégoût à l’appétit et de l’appétit au dégoût… ». Je me transvase communiQUant. Comme un fluide, je coule de l’autre côté. Bientôt, j’occuperai tout l’espace disponible dans la seconde moitié de la clepsydre et reviendrai par conséquent à mon point de départ. Pas d’autre choix possible.
Vous écrivez pourtant, et de bonnes choses selon moi.
Maintenant, je sais aussi comme il est difficile de sortir du bois et de revendiquer cette etiquette qui, en France particulièrement, pèse très lourd.
Pour le reste, vous avez parfaitement raison, Marc Levy est un imbécile...ou pas, s'il se mettait à lire, il lui deviendrait impossible de continuer à écrire ses romans arlequins, il turait ainsi la poule aux oeufs d'or...
Rédigé par : Mikael | 22 août 2006 à 14:34
Moi-même, sans me prétendre écrivain, loin de là, lorsque mes lectures atteignent un volume considérable, lorsque j’enchaîne les livres en une fréquence hystérique, je n’arrive à écrire. Je ne pense pas que ces deux actes – lire et écrire – soient nécessairement contradictoires, mais disons qu’ils sont les deux faces inverties d’un même processus. Il m’est à mes yeux impossible pour un "écrivain" de se targuer de ne rien lire, même si, à l’instar de Marc Lévi, ce refus est (soi-disant) volonté de s’échapper à toute influence possible. C’est imbécile.
Rédigé par : skam | 22 août 2006 à 12:43