Les textes font leur vie, circulent dans des souterrains comme des taupes. Parfois, ils remontent à la surface, très loin de leur point de départ, si loin même qu’on avait presque oublié leur mise en branle, le bruit et les cahots de leur mouvement soudain.
Certaines nécessités jadis impérieuses finissent avec le temps par perdre toute trace de leurs origines, par oublier les couleurs de leur pays natal. L’énergie résiduelle dévore encore le terrain, mais c’est avec curiosité que l’on observe à présent ce déploiement de volontés déracinées.
À force d’attendre et de chercher à convaincre, l’auteur passe souvent par-dessus ses anciennes humeurs comme on joue à saute moutons. Il suffit alors qu’une vieille galerie soit finalement mise à jour pour que le décalage apparaisse.
Il s’agit de revenir dans un pays que l’on a quitté autrefois et qu’on ne reconnaît plus. Est-ce le paysage qui a connu des bouleversements, ou bien l’âge qui nous fait voir les choses différemment ?
Publier, c’est accepter la confrontation avec ce que l’on n’est plus. J’ai une pensée pour ces acteurs qui, venus sur les plateaux de télévision, doivent défendre un rôle interprété il y a longtemps. Les films se sont succédés, les personnages accumulés. On leur demande alors d’évoquer des sentiments qu’ils n’ont plus, des vestiges d’émotions éparpillées. Que dire alors à ceux qui consomment le présent ? Les médias ignorent tout de ces tunnels immenses…
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