D’aucuns s’imaginent qu’une économie de moyens rendrait à l’art sa pureté originelle. L’histoire se passerait très bien d’effets de manche et de circonlocutions. Le style serait donc l’ennemi du juste, du vrai, une source d’ennui et de prétention sans fin. Au cinéma, c’est Lars von Trier qui incarne aujourd’hui ce jansénisme esthétique.
Comment prétendre toutefois se défaire de l’artifice lorsqu’on manie la plume ou bien la caméra ? Raconter une histoire, c’est qu’on le veuille ou non, reconstituer une impression par des moyens conventionnels. L’artifice est en réalité partout et plus encore chez ceux qui en ignorent l’omniprésence. Raconter, c’est opérer un choix, trier, mettre en exergue. Nier le style c’est se croire objectif, alors que l’esprit est une machine qui sélectionne et détermine sans cesse des angles.
Pour ma part, j’ai du mal à comprendre que l’on puisse ainsi séparer le fond de la forme. Les auteurs français se ficheraient du premier pour s’intéresser exclusivement à la seconde, tandis que les Américains feraient l’inverse. C’est un peu réducteur, ne trouvez-vous pas ? Certains d’entre eux sont de vrais auteurs, au sens où ils écrivent une histoire unique de manière unique et certains autres pas. L’important me semble avant tout d’avoir une voix à soi, qu’elle plaise d’ailleurs ou non n’a aucune espèce d’importance. La dichotomie est sévère, certes, mais certainement transnationale !
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