La fiction est malade de la vérité. Je l’évoquais déjà précédemment. La littérature tend maintenant vers le documentaire. On voudrait que Victor Hugo ait été orphelin, Zola, mineur et Flaubert un Pécuchet.
On ne peut malheureusement obtenir réparation ni de Shakespeare, ni de Corneille. Comme c’est contrariant ! Pourtant, ces imposteurs n’ont jamais tué de roi, jamais trahi pour Chimène. Il faudra, en désespoir de cause, nous rabattre sur leurs piètres descendants, ces auteurs contemporains qui impunément continuent de nous bercer d’illusions. Sans avoir vécu quoi que ce soit d’intéressant, ils nous abreuvent de leurs délires et nous manipulent sans vergogne. Heureusement, la justice est de notre côté. On les punira jusqu’au dernier pour avoir inventé leur vie, trompé le monde, rêvé…l’existence n’en sera que meilleure, débarrassée des saltimbanques, infiniment objective. Lorsque le monde sera enfin expurgé du mensonge, on tiendra là quelque chose de juste. Les journalistes deviendront alors les artistes officielles de ce nouveau Stalinisme. Ne le sont-ils pas déjà ?
Vous pensez que j’exagère…et pourtant ! Les lecteurs « lésés » par l’immonde supercherie de l’écrivain James Frey pourront désormais se faire rembourser l’achat de l’ouvrage mille morceaux, sous prétexte que l’auteur y a enjolivé certains passages réputés autobiographiques. Les douze instructions ouvertes par des clients procéduriers ont toutes statué en ce sens. Est-ce là une nouvelle preuve de l’exception culturelle française, mais si Christine Angot était Américaine, on l’aurait sans doute déjà jetée en prison.
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