Les trous de ver sont ces galeries que l’on déplore dans les ouvrages anciens, mais aussi les tunnels reliant de multiples dimensions, ces raccourcis qui sillonnent l’espace-temps. Décidemment, j’écris bien à la manière de ces minuscules invertébrés qui grignotent leur chemin dans la toile des rêves, dans le papier du livre comme une masse dense. Impossible d’éviter alors ces orifices blancs ou noirs qui jalonnent le récit, ces opercules qui ponctuent nos vies souterraines. Il faut pénétrer dans le cercle, encore lui, invoquer les esprits, se laisser aspirer. J’ai beau faire le ménage, tenter de me discipliner, je me retrouve toujours au bord d’un gouffre quelconque. Mes personnages les gravissent ou y tombent, s’y agrippent, les regardent. Manière pour moi d’appréhender l’après ? Les larves qui font leur lit dans les incunables tissent ainsi des liens entre les pages, mobilisent une graphie mystérieuse, mettent sans doute en évidence des télescopages sublimes. On devrait y prêter une plus grande attention.
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