Pour avoir inventé un personnage de nazi à vocation générique, on accuse désormais Jonathan Littel d’avoir écrit ce que ses détracteurs appellent un « docu-fiction ».
Faire évoluer un être fictif dans un contexte historique véritable serait donc une pratique coupable. Il va falloir par conséquent juger la quasi-totalité des écrivains depuis Homère.
Ulysse rencontra-t-il seulement cyclopes et nymphes ? Pourtant, la guerre de Troie a bien eu lieu. Scarlet O’Hara ne traversait-elle pas la guerre de sécession ? Étienne Lantier ne travaillait-il pas dans une mine plus vraie que nature ?
N’en déplaise aux aigris, la littérature tout entière n’est pour ainsi dire qu’un immense feuilleton du réel où se mêlent témoignages, expérience, souvenirs et regard. Seule la science-fiction pourrait peut-être se démarquer puisqu’elle situe généralement son action dans un contexte à venir et donc totalement imaginaire. Les émotions à la disposition de l’auteur n’en sont pas moins celles que vous et moi vivons chaque jour. La réalité est décidément la seule chose dont nous disposions pour créer du mensonge, les élucubrations des écrivains étant parfois plus édifiantes que le simple décompte des faits.
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