Écrit-on jamais vraiment ? On échoue plutôt à rendre intelligible le chaos particulier. À force d’échecs, on finit par accumuler un matériau raisonnable qui n’est pas le livre, mais au contraire la preuve de son absence manifeste. La littérature tout entière n’est qu’un dommage collatéral, un phénomène connexe. La réalité du bruit suffit à faire croire au silence. On se contente de sa conviction, comme le mystique de sa foi. Il est des choses que le cœur humain reconnaît sans pouvoir saisir. Le roman n’est qu’une empreinte laissée par un suspect que l’on ne trouvera jamais. Il atteste du mobile et c’est déjà pas mal. Vouloir en faire une œuvre d’art serait idiot. L’Art est aux artistes ce que Dieu est aux gnostiques, une réalité impossible à évoquer et par conséquent inutile et bien encombrante.
Je n’écris donc pas ! J’accumule uniquement des cibles manquées. J’espère seulement qu’une forme négative saura émerger du brouhaha, ne serait-ce qu'une silhouette, présence fugitive aussitôt évaporée.
Ça dépend du point de vue, puisqu'on en parle toujours, bien de milliers d'années après leur disparition :)
Rédigé par : Jo Ann | 26 octobre 2006 à 23:47
Tout est si ephémère !
les romains croyaient échapper au temps en gravant leur belles paroles dans le marbre et regardez où ils sont aujourd'hui...
Rédigé par : mikael | 26 octobre 2006 à 20:02
Bien poétique, mais j'ose espérer que ce qu'on lit et ce qu'on lira ne s'évaporera pas! :)
Rédigé par : Jo Ann | 25 octobre 2006 à 23:47