Nombre de maisons d’éditions appartiennent à présent à de grands groupes industriels, dont les activités ne se limitent pas toujours à la diffusion de la chose écrite. Bien évidemment, la tutelle ne s’exerce qu’à mot couvert et l’indépendance éditoriale reste la colonne vertébrale de la politique officielle. Toutefois, qu’en est-il véritablement de la liberté lorsqu’on doit rendre des comptes à des gestionnaires extérieures à la chaîne du livre ? Les bilans de fin d’année n’ont-ils aucune influence sur le contenu des publications, sur les programmes de parution ? En effet, on ne se contente plus désormais de présenter des tableaux comptables en fin d’exercice, mais également d’annoncer à l’avance le détail de sa production, de justifier ses choix (en termes financiers). Les éditeurs, autrefois responsables, sont désormais des salariés comme les autres qui glissent leurs contrats dans des parafeurs et font signer leurs chèques dans le bureau « du dessus ». Si les pertes d’une branche peuvent être compensé par les revenus d’une autre, on n’hésitera pas non plus à couper le bois « mort » pour sauvegarder l’intégrité de l’ensemble, la rentabilité du groupe si cher aux actionnaires. La décision est donc diluée et le nombre d’intervenants dans le processus éditorial en augmentation constante. Ce sont tous les échelons de la hiérarchie qui pèsent aujourd’hui sur les épaules des auteurs, mais dans cet imbroglio kafkaïen, à quel sein faut-il encore se vouer ?
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