Cachez ce sein ! Ce livre est nu. Il faut maintenant le tatouer au dos comme l’échine des yakuzas. On s’y met donc à plusieurs, à quatre mains au moins, pour la remplir cette quatrième de couverture. (Les sportifs considèrent généralement cette position comme la plus frustrante). Dans l’édition, c’est un peu le nerf de la guerre, ce nerf optique que l’on titille en quadrumanes. Il faut en dire suffisamment sans pour autant tout dévoiler, susciter quelque chose, maintenir l’attention du lecteur frivole. Enfin, c’est le bout du bout matériel, le rebord d’un monde qui s’achève dans le grand rien. Après, c’est la chute !
Curieux, me direz-vous, de placer le résumé après l’histoire. D’ailleurs, cette tradition est finalement récente. Du temps où les livres étaient vendus sans même être coupé (on voit encore ça chez Corti, pour les bibliophiles), on ne trouvait sur ces omoplates que du blanc poudreux, rien de bien explicite et c’est à se demander comment les gens choisissaient alors leurs livres, sans extrait, sans digest, sans accroche et sans même pouvoir feuilleter. Le Livre était de ces objets mystérieux que l’on ne découvrait un tant soit peu qu’en lisant. Quelles drôles de coutumes avaient donc nos ancêtres !
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