Le prix du papier n'a jamais été aussi attractif, autour de 900 euros la tonne pour le bouffant 80g dont on fait généralement les romans. Aléas d'un marché où l'offre s'avère supérieure à la demande et où les stocks des imprimeurs sont importants.
On a beau connaître les cours, savoir que le numérique préside désormais à la gestion des machines, il reste tout de même quelque chose d'irréductible au fait de coucher les signes sur la feuille. Les plombs ont disparus bien sûr, ces plombs qui s'usaient au fur et à mesure de l'impression et qui rendaient par conséquent le "tirage de tête" (les premiers exemplaires généralement numérotés) si précieux aux yeux des collectionneurs, car techniquement de meilleure qualité. Le vocabulaire subsiste encore et véhicule une magie désuète et romantique. On parle encore de rotatives, de bois (pour le papier obtenu par procédé mécanique) et de main (le rapport de l'épaisseur sur le poids de la feuille). Le papier est donc manchot, il n'a qu'une main pour se défendre, un simple quotient qui en dit long sur l'aspect final du livre et sur son économie. Une main trop grande et c'est un nombre d'exemplaires inférieur par carton entraînant un surcoût. Une main trop faible et l'on verra que cet homme politique si productif n'a en réalité pas écrit grand chose. Il faut savoir jongler avec cet appendice unique...
Les premiers exemplaires d'OMICRoN devraient sortir de la chaîne le 24 décembre, sur le banc du groupe Horizon dans les Bouches du Rhône. J'y vois comme un heureux présage. J'ai une pensée émue pour la presse Heidelberg, la plieuse Stahl, l'encarteuse-piqueuse et la pelliculeuse, toutes ces machines helvétiques exilées au bord de la mer et dont le rôle est de donner un corps, d'assembler les membres disjoints, de prêter un peu de matière...Chez les Suisses de la Méditerranée, on est finalement pas si loin du Golem de Prague.
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