On peut toujours s’agiter, remuer des masses d’air et déclamer à tout va. C’est uniquement le regard d’autrui qui confère la légitimité. J’évoquais déjà, il y a quelques mois, cette difficulté propre à la littérature. La reconnaissance minimale passe par la publication et dans l’attente, mieux vaut se taire qu’endurer le ridicule.
Dans le très beau roman qu’Émmanuelle Pagano vient de publier chez P.O.L, Adèle est une femme prisonnière d’un corps étranger. Cette inadéquation la pousse à quitter son village à la recherche d’une enveloppe conforme à sa personnalité. Ce n’est qu’une fois débarrassée des attributs d’un autre qu’elle peut revenir chez elle sous sa véritable identité. Toutefois, sa vérité intime n’est-elle pas un mensonge pour son entourage et comment dire le vrai, en se taisant ?
Écrire dans le secret de l’alcôve, dans l’attente d’un changement qui rendrait le silence obsolète, c’est donner une image de soi différente de l’image que l’on a de soi. Publier serait donc pour l’écrivain la réunification de ces deux Moi, le retour à l’équilibre par la diffusion de la parole.
J'aime bien cette image de l'écrivain... J'ai lu le livre d'emmanuelle hier et moi aussi j'en ai parlé sur mon blog,l'approche est bien sûr différente et c'est ça qui est intéressant dans la lecture...
Rédigé par : marie-pierre | 02 février 2007 à 19:12