On se retranche derrière un ensemble de coutumes et d’habitudes. Comme j’ignore ce qui permet de mener un projet à bien, je m’abrite et je répète les gestes, par défaut. Il doit bien y avoir quelque chose là-dedans qui a son importance, mais j’ignore quoi. Longtemps, le rituel m’est apparu comme une protection, l’unique rempart contre l’échec. La pensée magique est un reliquat de l’enfance qui persiste chez l’écrivain…
J’ai écrit mon tout premier roman lorsque je vivais encore chez mes parents, le second dans un studio où j’ai vécu ensuite, puis tous les autres dans l’appartement que j’occupe aujourd’hui. Chaque fois que je déménage, je me demande si je vais produire à nouveau, comme si l’espace avait son mot à dire. J’écris chez moi, de toute façon. J’aurais du mal à le faire ailleurs, ou du moins je l’imagine. Comme beaucoup de monde, je crois aux repères (à tous les sens du terme). Si vous réussissez à écrire dans le malheur, méfiez vous alors du bonheur ou de ce qui pourrait vous détourner de votre propre souffrance. C’est complètement stupide, mais j’ai cru à ça pendant longtemps. J’en suis venu à établir des règles encore plus idiotes, des heures de la journée, des saisons, des tempos, tout un ensemble de lois dogmatiques à souhait qui me rassurent et m’emprisonnent. C’est un culte avec son office, ses objets consacrés, ses ciboires…Je suis mon propre pasteur et mon unique fidèle.
Récemment et poussé hors du temple par des circonstances impondérables, j’ai dû enfreindre les lois que je me suis moi-même infligé. Je m’attendais donc légitimement à une punition exemplaire et puis rien. Rien de rien. Le ciel ne m’est pas tombé sur la tête, le dieu de la littérature a gardé son immanence en réserve, ou bien il était en week-end, ou bien je l’ai inventé. Se prémunir contre le changement est bien illusoire. On emporte son espace nécessaire où qu’on aille.
C'est tout à fait ça !
Rédigé par : mikael | 20 juin 2007 à 16:11
Je crois que nous voudrions simplement obtenir la clef qui ouvre l'inspiration et s'assurer que nos rituels sont garants de notre écriture. Ce serait tellement plus simple, n'est-ce pas ?
Rédigé par : Bon-sens-ne-saurait-mentir | 20 juin 2007 à 14:32
Oui, et inversement!
Rédigé par : Olga | 04 juin 2007 à 18:50
Et inversement ??
Rédigé par : Mikael | 04 juin 2007 à 15:01
La vie se réduit à la recherche de l'impossible par le biais de l'inutile...
Rédigé par : Olga | 04 juin 2007 à 14:47