Le roman n’est finalement que l’extrémité acérée. Il doit bien y avoir quelque chose sous la surface pour exercer la fameuse poussée d’Archimède, de vastes quantités de rêves informulés, le bonhomme et tout le reste. C’est de cette masse enfouie que dépend la visibilité, la solidité, le tranchant. Les bons livres sont ceux qui sont portés vers la lumière par une somme obscure et froide. Les huit dixièmes sont passés sous silence. On n’accède qu’à l’échantillon, au récif témoin. Pourtant, une fois échoué, ceux-ci vous laissent un sentiment d’ampleur qu’on ne s’explique pas toujours. L’omission est la véritable mesure de ces objets singuliers. Il faudrait s’évertuer à recenser ce que l’auteur a délibérément tu, ou bien crier au contraire et compter les échos qui se réverbèrent afin d’en percevoir les dimensions véritables. L’horizon de la littérature est bien plus lointain qu’il n’y paraît. La distance est souvent trompeuse.
Merci à toi de bien vouloir me lire
Rédigé par : Mikael | 18 juillet 2007 à 22:05
Intéressante réflexion.
(comme bon nombre de tes réflexions sur ce blog d'ailleurs).
Sainte Beuve cherchait à gratter le sous-sol d'un livre. Mal lui en a pris, Proust lui est tombé sur le paletot. Il n'empêche que la profondeur de ce sous-sol se perçoit souvent au travers de la force de l'écriture. Ce que tu nomme "ampleur".
PS : Merci :)
Rédigé par : Bon_sens_ne_saurait_mentir | 18 juillet 2007 à 21:59