Il est curieux de voir comme une lecture peut en cacher une autre. Un livre à peine entrouvert, on le remise aussitôt, ouvrant ainsi une parenthèse dont la longueur est indéterminée. Un texte contient parfois en germe un texte différent qu’il devient urgent de découvrir, à l’image de ces poupées russes de taille variable qui s’emboîtent parfaitement. Le roman originel devient donc un tremplin, duquel le lecteur plonge dans une œuvre finalement différente. On y reviendra peut-être un jour, mais rien n’est moins sûr…
C’est ainsi que, toute affaire cessante, j’ai abandonné l’ouvrage que je venais d’entamer pour me plonger subitement dans Malevil de Robert Merle. Je m’étais promis de lire ce livre il y a vingt ans, avant d’oublier ma promesse aussi bien que l’auteur. Il faut dire que ce titre est pour moi indissociable du générique des Dossiers de l’écran et sa simple évocation fait encore raisonner dans mon crâne les violons terribles de Morton Gould. En effet, je me souviens parfaitement avoir vu le film adapté du roman dans la fameuse émission d’Armand Jammot. La musique en question avait d’ailleurs été utilisée quelques années plus tôt dans l’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville. De Melville à Malvil, il n’y a donc qu’un pas (pour ceux qui trouvent qu’Emmnanuelle Pagano déteint sur moi, allez vous plaindre directement à l’intéressée). Le narrateur et protagoniste de Malevil s’appelle d’ailleurs Emmanuel (Dieu est avec nous) et vit dans une ferme isolée du sud-ouest de la France.
Je pourrais donc vous parler du contenu du livre que j’ai trouvé passionnant, vous dire que Merle occupe une place à part dans la littérature française, peut-être rejoint par Barjavel, mais mon avis là-dessus n’a pas grande valeur. L’objet, quant à lui, est un exemplaire toilé orange, reliure cousue, de la collection Soleil qui fut autrefois la version luxe de la collection blanche et que Gallimard a aujourd’hui cessé de produire. 35 ans et pas une ride. Dommage qu’on ne fasse plus ce genre de bouquins. Pour finir cette note où je ne raconte pas grand-chose de cohérent, je vous laisse vous débrouiller avec une citation qui m’a interpellé : « Je ne crois pas du tout qu’à petite ou grande échelle, un groupe secrète toujours le grand homme dont il a besoin. Bien au contraire. Il est des moments de l’Histoire où l’on sent un creux terrible : le chef nécessaire n’est pas apparu et tout échoue lamentablement ».
Pour moi, les dossiers de l'écran sont irrémédiablement associés à la planète des singes ...
yugen
Rédigé par : yugen | 03 novembre 2007 à 20:18