On entend parler des écrivains de manière plus ou moins régulière, au détour d’une publication, après un laps de temps souvent variable. La durée qui sépare la parution de deux livres n’est souvent qu’une seconde pour le lecteur insouciant qui reprend à cette occasion le fil d’une discussion interrompue, une éternité pour l’auteur qui a compté les jours et pleinement mesuré les sacrifices consentis à son unique obsession. Après deux, cinq ou bien dix ans, on achète le nouvel opus sans trop se soucier de ce que l’auteur a fait durant cette période de silence. On présume qu’il a rempli son office, avec plus ou moins de réussite. L’écrivain écrit, cela va de soi, mais il respire aussi, mange, pleure, se lamente et jouit. Il échoue également, entame des livres sans fin, accumule les ratés, chevauche une tonne de papier noirci. Ces années d’entre-deux sont des bras de mer aux courants mauvais dont on réchappe ponctuellement, ou pas. Qu’est-ce qu’un écrivain qui ne publie pas ? Un genre d’ectoplasme en transition, sans véritable présence, dépouillé de sa chair et qui attend dans la matrice qu’on veuille bien lui prêter un corps. La vie des livres étant aujourd’hui celle des éphémères, on assiste à l’avancée parallèle de deux types d’existence, l’une continue et ordinaire, l’autre désossée...en pointillés lumineux.
La Société des Gens de Lettres qui confère à ses adhérents un sésame cartonné, un label annuel, ne reprend pas leur carte aux écrivains qui pratiquent cette nage en eaux vives, mais distingue tout de même différentes catégories de plumitifs à développement lent. Il faut avoir publié trois fois pour quitter enfin le statut de « stagiaire », comme si les deux premières fois pouvaient encore relever de l’accident ou du hasard. Le Temps n’est pas quantifié. La durée, l’intervalle n’ont finalement pas la valeur que je leur accorde. C’est la quantité, atrocement banale, qui prime encore ici.
Tiens, en parlant de premier livre, je viens de trouver un blog qui met justement le tien en valeur, et ceci en le plaçant juste au-dessus du Top 10 des romanciers français en 2007 :
http://jeromecayla.neufblog.com/jeromecayla/
Enjoy ;-)
Rédigé par : Le Scénariste | 27 janvier 2008 à 04:57
Et que dire des années précédant le premier... quel genre de sous-ectoplasme est-on alors?? Comment gagne-t-on un corps? Depuis le temps que je me gèle!
Rédigé par : galadrielle | 24 janvier 2008 à 19:53
Les éditeurs pourraient se donner les moyens de faire un peu plus de promo sur les livres qu'ils acceptent, se devrait être un minimum. Hélas, ils ne le font que pour les stars de leurs écuries, comme Musso, Lévy, Notomb ou Schmitt, sans oublier les peoples de tous bords. C'est déjà suffisamment difficile de trouver un éditeur, alors, ils devraient mouiller un peu la chemise…
Rédigé par : Jerome | 24 janvier 2008 à 14:42
eh oui, c'est injuste et bien mystérieux...
Rédigé par : Mikael | 22 janvier 2008 à 13:36
Et puis le temps qui passe, encore et encore, nourrit les injustices... "On" ne retient parfois qu'un seul roman d'un auteur qui en a écrit bien plus... Pourquoi? Comment se fait ce tri qui n'est pas toujours lié à la qualité? Les mystères de la mémoire collective...
Rédigé par : Olga | 22 janvier 2008 à 09:03