Qu’on soit pour un nouveau ceci, ou pour une littérature cela, ces déclarations d’intention m’ont toujours paru suspectes par principe, anti-performatives. Plutôt que d’agir dans le sens d’un changement, on en discute au préalable, or la véritable nouveauté se distingue d’elle-même et ne nécessite aucun effet d’annonce. L’étiquetage est avant tout un ressort de la publicité.
Les signataires s’empressent alors de jeter le passé aux orties afin d’établir un ensemble de règles plus ou moins contraignantes. La prise de parole s’avère être en fin de compte une prise de pouvoir, putsch ou bien restauration. Les considérations esthétiques cachent alors mal les ambitions personnelles. L’établissement d’un cadre collectif à l’intérieur duquel se développerait la modernité, seule possible à l’exclusion de toute initiative individuelle, n’est qu’une forme de dogmatisme. Comme Bonaparte au jour du sacre, on proclame sa propre importance, on se confère l’autorité morale. L’expression programmatique est par avance un constat d’échec et généralement l’aveu d’une volonté de puissance. Il s’agira de régner un moment avant que de plus jeunes vous chassent à leur tour et de la même manière. L’histoire de l’art au vingtième siècle est à cet égard une forme relativement feutrée de tragédie shakespearienne, car pour ceux qui ont usurpé le trône, la forêt de Birnam finira toujours par se mettre en marche. On lève des armées, on constitue des groupes, car à quoi bon dominer seul. Imposer sa conception, quelle qu’elle soit, c’est obtenir la certitude d'avoir raison.
Ceux qui croient détenir de grandes vérités collectives sont des imposteurs ou des fous. Ceux qui prétendent montrer le chemin sont le plus souvent dans une impasse.
La littérature se passe bien de législateurs, d’instituteurs et de gendarmes et je ne trouve rien de pire qu’un art circonscrit par une poignée de lois éphémères.
Parfois, c’est juste un homme seul qui par malheur exprime une conception singulière sur l’art du roman. Ce qui aurait pu faire office de testament devient alors un appel involontaire. Le voilà rejoint malgré lui par des disciples admiratifs ou bien seulement désorientés. On fonde une école avec un rien de nos jours.
J’aspire simplement à une liberté d’agir et de penser.
@Kiki : Merci infiniment pour ces compliments qui me vont droit au coeur !
Quant au prochain, il essaye de se frayer un chemin vers la lumière. J'espère avoir l'occasion d'en reparler ici...
PS : j'ai commandé "Existe-en ciel". je l'attends avec impatience.
Rédigé par : Mikael | 07 mars 2008 à 00:10
Pas déçue du tout par OMICRoN! Un super moment de lecture, une histoire aux nombreux méandres et à l'évolution inattendue, plein de détails et réflexions qui ont résonné en moi, une très belle écriture qui emporte, un livre qu'on n'a pas envie de laisser avant la fin, en bref: merci Mikaël! Bientôt le suivant?
Rédigé par : Kiki | 06 mars 2008 à 22:54
@Lazare : Le FFC, si en plus ils servent de la bière à la pression, j'adhère !
Pour le reste : Arrrgghhh, rogntudju !!!
Rédigé par : Mikael | 28 février 2008 à 14:33
Bien d'accord avec toi Mikael. C'est bien pour ça que je viens de m'enrôler dans le FFC... il n'y a aucune règle & pas mal d'émulation... pour le reste je viens tout juste de recevoir mon "Omicron"...héhéhé...
Rédigé par : Lazare (F.F.C.) | 28 février 2008 à 14:00
@Kiki : Tout à fait d'accord !
Merci à vous.
J'espère que le bouquin ne vous décevra pas trop...
Rédigé par : Mikael | 27 février 2008 à 15:04
Il n'y a qu'une école dont je trouve les enseignements sympa : la buissonnière! Sinon, merci, Michaël, pour l'envoi et cette magnifique dédicace. Kikiller à gages... ;)
Rédigé par : Kiki | 27 février 2008 à 14:45
Oui Mikael, ne nous laissons pas "désorienter"!
Rédigé par : Olga | 25 février 2008 à 17:27
@Olga : Oui, cela devrait suffire, mais les Commandements des uns et des autres s'immiscent parfois jusque dans notre propre conscience. Ne pas intérioriser la prison d'autrui, voila le vrai défi !
Rédigé par : Mikael | 25 février 2008 à 15:24
Les "disciples désorientés"... voilà qui est bien trouvé!
Sinon, pour la liberté de penser et/ou d'agir... toute une feuille blanche (ce que j'ai du mal à situer entre 0 et l'infini) ça suffit pas?
Rédigé par : Olga | 25 février 2008 à 14:53
Mais enfin, c'est rassurant d'ériger des barrières tout autour de soi : la liberté fait peur, surtout quand il s'agit de création.
Rédigé par : Thibault Malfoy | 22 février 2008 à 13:56