Comme Allen Ginsberg en 1956, j'ai aujourd'hui le sentiment de voir les meilleurs esprits de ma génération détruits, non plus par la folie, l'hystérie et la faim, mais tout simplement par l'indifférence et l'omniprésence du bruit.
Ces gens-là, vous ne les connaitrez pas, vous ne les entendrez pas. Beaucoup d'entre eux ont d'ores et déjà renoncer à la parole. Drôle d'époque que celle où les orateurs-nés choisissent de se taire par résignation. L'esprit se saborde pour ne pas subir le naufrage. Si l'intelligence est bien une forme d'expression collective et non pas le surgissement ponctuel d'une parole individuelle, on retiendra de notre époque une forme d'absence volontaire, si tant est qu'un manque puisse laisser une trace. Chez Thomas Pynchon, c'est la tribu des Herreros qui décidait de ne plus se reproduire et donc de disparaître afin de protester contre sa captivité. La désormais traditionnelle grève de la faim, devenait ainsi grève de la génération. Le silence, pour assourdissant qu'il puisse être, est-il une forme de résistance passive égale à celle de Thoreau, retiré du monde, dans sa cabane de Walden Pound ?
Votre blog(?): entreprise modeste, mais lucide, exigeante. Je vous découvre. Je prendrai le temps d'aller plus avant, plus tard. Quant au silence? Peut-être une clairvoyance. Peut-être un effacement. Une succession de démissions individuelles qui devient fait collectif? Je crois comme vous, un peu, et cependant je n'arrive pas à le croire. Je ne parviens pas à me réduire au silence, devant ce tant de bruits. Il y a encore une volonté de parole. Une attente de parole. Une volonté de résistance active. Et en même temps une manière de dissolution.
Rédigé par : lataupe | 13 mars 2009 à 11:13
Autrement dit, le " Système " serait devenu une gigantesque fabrique d'aphasiques ?
Auquel cas même longueur d'onde - si j'ose dire...
Rédigé par : Christophe Borhen | 25 février 2009 à 21:40