Quel est le point commun entre Neil Armstrong et Julien Gracq ?
J’en vois qui rigolent au fond ! Interrogation surréaliste et poétique ? Pas du tout, vous n’y êtes pas ! Réfléchissez encore un peu….non, vous êtes tout à fait sûr ?
Disons, une fascination pour l’absence, un dégoût commun pour la célébrité. Je sais, depuis la Star Academy ça paraît inconcevable, mais il faut pourtant se rendre à l’évidence. Certaines personnes tournent le dos à la gloire et s’en vont seules au désert, tel Rimbaud usé de soleil par les chemins caillouteux du Harare.
En 1969, Armstrong est l’être humain le plus célèbre de tous les temps, une sorte de Christophe Colomb ultramoderne, adoubé par la mondovision. Ce qu’il a vécu là-bas, sur cet astre mort et argenté d’où l’on voit la terre comme une orange bleue, nul ne peut seulement l’imaginer. Pour les foules en liesse, c’est l’expérience la plus extraordinaire et la plus transcendante depuis la Passion du Christ. Il pourrait briguer la présidence des Etats-Unis, comme songea à le faire Lindbergh en son temps, le secrétariat général des Nations Unies, que sais-je encore ? Mais, au lieu de tout cela, il démissionne de la Nasa, devient professeur d’aéronautique dans une université de troisième zone au fin fond du Middle West et refuse tout interview. Il ne fait aucune publicité, ne participe à aucune émission télévisée et tranquillement, se fait oublier. Sa biographie officielle ne paraît qu’en 2005, dans l’indifférence générale, trente-sept ans après un exploit que certains mettent aujourd’hui en doute. La lune ne fait désormais plus rêver personne…
(à suivre...)
Commentaires