Chaque créateur de site internet, qu’il soit littéraire ou non, se sait dévoré par une obsession secrète : le référencement. Il faut amadouer le monstre Google, lui jeter un os et prier les esprits qui peuplent le web pour que son propre nom grimpe inexorablement vers la première place du classement. Lorsque l’on plonge comme moi, encore tout naïf et potelé, dans cet univers insoupçonnable, on découvre les méandres innombrables du réseau planétaire et ses arcanes. Le petit nom de la créature infernale est en réalité Googlebot. Il s’agit d’une forme primitive d’intelligence artificielle qui, lorsqu’il lui tombe un œil, répertorie l’intégralité des pages du monde entier depuis des centaines de serveurs parallèles. Le hic, c’est qu’on a beau suivre la procédure à la lettre, lire le manuel et même les notules, ce grand chambardement périodique suit une fréquence qui lui est propre. À moins d’être la Pythie de Delphes, impossible de prédire le prochain inventaire qui vous propulsera peut-être en tête de page. Toutefois, lorsque le phénomène se produit (les nuits de pleine lune et de grande marée) un événement inattendu survient durant quelques heures. Il faut être là pour le croire, à quatre heure du matin, les yeux rougis par le tabac, l’alcool, et la fatigue. Les sites se mettent à valser, changeant de position à chaque nouvelle requête. Il faut un certain temps avant que tout ne se stabilise à nouveau, que l’ordre ne supplante le chaos, que la musique des sphères ne retrouve son harmonie secrète. Les spécialistes appellent cette curiosité naturelle la « Google dance ». À l’instar des éruptions volcaniques et des tremblements de terre, la Google dance fait également partie des grands mystères imprévisibles de l’univers. Alors, voilà, j’attends à présent devant l’écran, comme l’astronome espère l’aurore boréale, comme le zoologue croit en l’apparition de l’échnidé à long bec…j’attends le bon vouloir de la machine…mais chère Lady Google, m’accorderez–vous cette danse ?
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