J’avais quatorze ans à peine. Je dévorais Fante, Kerouac et les poèmes de Whitman. Je rêvais d’aller là-bas, non parce que les espaces lointains se nourrissent de nos rêves, mais parce que je venais de là-bas moi aussi. J’en étais intimement convaincu. Je me sentais prisonnier loin de chez moi. Il a fallu que j’y aille quelques années plus tard pour enfin comprendre. Ici n’était pas la France et là-bas n’était pas l’Amérique. Ici, c’était la réalité et là-bas, la littérature. Alors j’ai su ! J’ai découvert qui j’étais pour de bon, un écrivain. « Fante was my god, and I knew that the gods should be left alone » écrivit Charles Bukowski en 1979. Je n’étais pas loin de penser la même chose. Ces auteurs m’ont rendu à moi-même, à cette part amputée qui me travaillait par son absence, comme un frère siamois dont on m’aurait séparé à la naissance. Grâce à eux, j’ai retrouvé ma propre culture. J’ai découvert Céline et Proust au travers de Kerouac, Rimbaud chez Whitman, Baudelaire chez Poe, Huysmans chez Fante. C’était toute la culture du monde qui me tombait soudain sur les épaules. Lire un livre c’est plonger dans la vie d’un Homme et l’explorer jusqu’aux tréfonds, se nourrir de sa chair et devenir son fils. « Pourvu que ça ne soit pas trop chiant » ajoutait simplement John Fante. Il est mort en 1983, il y a vingt-trois ans ce mois-ci. Ciao, Arturo Bandini…
Oui, c'est tout à fait ça. Une généalogie intîme, que l'on construit, plus que l'on ne découvre...
Rédigé par : mikael | 02 juin 2006 à 17:56
c'est marrant, voir les auteurs qui jalonnent nos parcours..on dirait les pièces d'un puzzle, des indices sur l'auteur en devenir qui grandit à l'intérieur..les secrets de nos racines..:)
Rédigé par : SMA | 02 juin 2006 à 08:45