Méthadone pour star évincée du petit écran, passage obligé de l’homme politique en mal de reconnaissance intellectuelle, j’en passe…le livre n’est plus considéré comme une fin en soi, mais comme une étape obligatoire d’un plan marketing bien huilé, bientôt l’album et la tournée mondiale, l'année prochaine à Hollywood…
Le show biz devient multicarte, à chaque média son produit. L’important est, comme sur un champ de bataille, d’occuper tous les terrains à la fois pour mener une guerre de conquête. La société du spectacle se fait blitzkrieg. Parlez-moi donc de curiosité et de génie protéiforme, mais combien de Cocteau pour une Evelyne Thomas ? C’est le phénomène de l’acteur-chanteur qui se généralise. Le présentateur devient lui aussi auteur, le temps d’une promo puis change à nouveau de casquette.
La littérature est un genre où finalement on ne trouve plus qu’une minorité d’écrivains. On préférera toujours publier le témoignage d’une simili vedette que le roman (forcément) chiant d’un gratte-papier anonyme. « Devenez des pseudo-célébrités », voila donc le message dominant, de la Star-ac’ aux gondoles des espaces Cultura.
Aucune autre société n’est tant séduite par l’écriture. La France est fascinée par l’image qu’elle donne d’elle-même et se contemple comme la Méchante Reine dans un miroir envoûté. À force de s’entendre dire qu’elle est la plus belle, elle a fini par y croire. Pourtant, l’eau a coulé sous les ponts. On s’interroge ici sur les moyens de révéler les grands auteurs d’aujourd’hui, mais existent-ils seulement? L’évolution des mœurs, la concentration du capital, le succès du libéralisme n’expliquent pas tout. L’époque a tout simplement le génie qu’elle mérite !
Abondance de publications, raréfaction de talent, malgré moi je participe donc à la médiocrité ambiante et en remets une couche. Ne devrais-je pas céder à mon tour à ce que Paulhan appelait « la Terreur » et par amour de la littérature, renoncer d’emblée à cette vacuité, mais l’égo, mais la vocation, mais…
Dans un monde où triomphe l’ersatz, où la culture est assujettie au commerce, où le rôle de la littérature est nié, vouloir tout de même écrire et publier relève par conséquent du suicide ou de la bêtise.
Les livres ne vont pas disparaître, du moins pas comme on l’imagine. Fichiers numériques ou briques de papier, peu importe, l’industrie continuera à nous vendre ses produits. Il faudra bien des auteurs pour satisfaire ces exigences, mais le contenu me tracasse. Souvenez-vous, chez Ray Bradbury, certains Hommes mémorisaient les grands chefs-d’œuvre pour les sauver d’un monde où le livre était proscrit. Il n’est pas impossible que dans l’univers de la surabondance, des conséquences similaires soient à craindre.
Moi, non, mais il sufit de se rendre dans un Leclerc (deuxième centre de distribution du livre en france) pour se rendre compte de la confusion
Rédigé par : Mikaël | 15 juillet 2006 à 15:04
"La littérature est un genre où finalement on ne trouve plus qu’une minorité d’écrivains. On préférera toujours publier le témoignage d’une simili vedette que le roman (forcément) chiant d’un gratte-papier anonyme."
Hé, Mickaël quand même, ne confonds-tu pas les termes : "livre" et "littérature" ?
Rédigé par : emmanuelle Pagano | 15 juillet 2006 à 14:56