À trop vouloir critiquer, on va bientôt m’accuser de cracher dans la soupe.
On ne peut toutefois passer sous silence les manquements, les vilenies et les travers d’un monde qui, sous couvert d’ambitions artistiques, est finalement devenu un commerce comme un autre. En relisant mes notes, je réalise que mon indignation fait certainement le jeu des déçus, des aigris de tout bord qui veulent s’entendre dire que le monde est pourri. Ainsi, leurs échecs se verraient légitimés, blanchis par une corruption contre laquelle il est vain de lutter. À ceux-là je préfère dire soyez lucides, mais continuez de vous battre. Ici comme ailleurs, les portes restées closes peuvent être défoncées. On ne viendra pas vous chercher et le talent qui vous différencie pourrait bien s’avérer inutile sans un travail acharné. Moi aussi, j’ai (trop) longtemps séjourné dans l’antichambre, tel un animal à sang froid attiré par la lumière. Pour franchir le cap, il faudra consentir à certains sacrifices, larguer du lest et même se salir les mains. Tant mieux, car l’idée même de pureté confine à la psychose. C’est un rêve d’enfant qui refuse de grandir. S’y accrocher coûte que coûte mène au pays de Nulle part. Prenez garde, c’est un voyage sans retour, une destination immuable, un monde sans mouvement et sans vie. On n’y perçoit le passage du temps qu’à travers la panse d’un crocodile. On n’y crée absolument rien.
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