Il est rare que je lise moins de trois livres à la fois. Le fait de vivre dans trois pièces y est sans doute pour beaucoup. La lecture devient ainsi une manière d’appréhender l’espace, une trajectoire utilitaire marquée par des stations. Les ouvrages sont semés ça et là comme de petits cailloux. Heureusement, me direz-vous, que je n’habite pas dans un château, ou toute la bibliothèque devrait y passer. Certains auteurs restent ainsi marqués à tout jamais par l’ambiance du lieu où ils ont été lus. Il y a des lectures de salon, de chambre ou de bureau, à tel point que certains livres, abandonnés momentanément sur une table ou dans un recoin, doivent après un moment et de vaines tentatives, être déplacé pour être lus convenablement. Au fur et à mesure de mes pérégrinations domestiques, de mes arrêts plus ou moins prolongés, de mes égarements, les livres se mettent à discuter entre eux, à se répondre. C’est un processus inévitable. Le salon questionne la chambre qui commente le bureau. Les pièces dialoguent, les textes et les époques se mêlent. Les circonstances, le hasard, provoquent ainsi des rencontres inédites, des collisions stellaires.
Cuné : la bibliothèque est comme un champ d'astéroïdes où se développe la réaction en chaîne. Il suffit d'un rien, d'un frôlement d'univers pour entraîner toute une cascade de déflagrations. Deux livres lus alternativement, mettons, par exemple, un livre de recettes Thaï et la biographie de Schoppenhauer finirons toujours par entrer en résonnance, simplement parce qu'ils passent tous deux à la moulinette du Moi. Les livres nous parlent, les livres parlent de nous !
Pdf : Je m'interroge effectivement sur les modes de lecture en milieu confiné. Y aurait-t-il un propriétaire de loft dans la salle ? ça m'intéresse !
Quant au métro, je n'y lis jamais, je suis bien trop occupé à regarder les gens entrain de lire, leurs mimiques, leurs petites manies...et leurs goûts (souvent navrants, il est vrai, mais parfois, on a tout de même une bonne surprise).
Tétanos : en effet, je pratique avec assiduité, mais dans le plus grand secret.
PS : je viens de terminer Volume d'Orion Scohy. C'est pour le moins un livre déroutant et très courageux qui m'a fait penser à Exercices de style de Queneau, mais aussi et c'est plus surprenant, à Barton Fink des frères Cohen. Réussir à intéresser son lecteur et même à le faire rire tout en ne cédant jamais vraiment aux sirènes de la fiction était une gageure impossible et pourtant réussie. Chapeau donc ! et merci du conseil.
Rédigé par : Mikaël | 21 août 2006 à 17:46
Et la lecture au cabinet, vous pratiquez ? (Henry Miller a fait une enquête là-dessus, et un petit livre succulent…) Si tel est le cas je ne vous conseillerais pas d'abattre vos murs, tout vos murs... certes cela pourrait faire tourner la discussion sur des sujets intéressants, tel que celui de l'occupation du temps (de sa rentabilisation maximale), mais ça pourrait aussi choquer les invités, tout au moins les gêner de devoir faire au vu et au su de tout le monde... ;)
Rédigé par : Tétanos | 21 août 2006 à 10:44
... Il suffirait donc d'abattre une cloison pour que soudain les livres prennent un autre sens.
(Et quid des livres réservés aux bancs des parcs et autres transports en commun ?)
Rédigé par : prixdeflore2006 | 21 août 2006 à 09:16
Raconte-nous ! Les collisions stellaires, les dialogues atemporels, les rencontres inédites... La vie des livres.
Rédigé par : Cuné | 21 août 2006 à 07:18