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11 août 2006

Commentaires

Tétanos

Je crois que Skam et vous-même mettez le doigt sur quelque chose d'essentiel pour expliquer l'attirance de mains lecteurs pour les romans de Dan Brown et consort : le fait que les théories fumeuses, fumistes et bourrées d'approximations qu'ils véhiculent se retrouvent à la fois dans les pages (mal écrites) des magasines populaires paris-matchiens (censé faire du journalisme) et celles (tout aussi mal écrites) de ces livres tout public... Il n'y a qu'à penser à cette fameuse Effroyable imposture lancée par Meysan, relayée par à peu près tous les médias, et à cette farouche volonté du public à y croire : aucun avion ne s'est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre 2001... L'invraisemblable, l'incohérent, l'approximatif ont bonne presse...
Quand au côté évangélisateur de ces bouquins, Vargas Llosa dit dans La vérité par le mensonge "La fiction est un art de société où la foi est sujette à quelque crise, où il est nécessaire de croire en quelque chose, où la vision unitaire, confiante et absolue a été a été remplacée par une vision fragmentaire et une incertitude croissante sur le monde où l’on vit et l’au-delà. Outre leur amoralité, les romans abritent en leur sein un certain scepticisme. Quand la culture religieuse entre en crise, la vie semble échapper aux schémas, dogmes et préceptes qui la maîtrisaient et retourne au chaos : c'est le moment privilégié pour la fiction. Son ordre artificiel procure refuge et sécurité où évoluent librement ses appétits et ces craintes que la vie réelle suscite et ne parvient pas à rassasier, ni a conjurer."
Il y a fort à parier que la combinaison d’un goût immodéré pour l’événementiel, d’une crédulité à toute épreuve et d’une absence quasi-totale de distance critique puisse être à l’origine de tels succès.

skam

L’uniformité culturelle, ce "Tchernobyl américain". Cela tient tout autant à une question de rentabilité de la part des industries éditoriales (produire/promouvoir/vendre un seul produit est toujours moins coûteux que d’en lancer plusieurs) qu’au comportement même du lectorat. C'est la base de la psycho, cette tendance à ressembler à l'Autre. Dans mon entourage, tout le monde lit Harry Potter/Dan Brown parce que tout le monde lit Harry Potter et Dan Brown (mais aussi parce que ça se lit aussi facilement que Paris Match ou le journal de Mickey). Tout bon djeun de nos jours doit avoir fourré son nez là-dedans. Le marketing se sert de ça, mais il n’en est pas à l’origine.

Quant aux sujets mêmes des "romans" de Brown, il est très loin de les avoir inventés. Le doute concernant Apollo XI a déjà fait des émules (il y a deux trois ans, un faux documentaire montrait que Kubrick avait filmé les premiers pas de l’Homme sur la Lune dans les studios où il tournait ‘2001’, et ce, à la demande de je ne sais plus quelle agence gouvernementale américaine plus ou moins confidentielle). Quant aux rapports ambigus entre le Christ et Marie-Madelaine, ils ont déjà fourni une littérature abondante durant ces deux millénaires.

Quant à moi, je n’ai pas eu besoin du Vinci Code pour aller faire un tour au Louvre…

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