C’est toujours au moment le plus sombre, lorsque l’on désespère d’aligner encore des rogatons de rêves que surgissent enfin des poussières aimantées, particules de limaille qui s’agrègent sous nos yeux en structures géométriques.
On cherche à se souvenir de la fois d’avant, de toutes les fois précédentes sur lesquelles reposent encore l’envie et la confiance, mais elles ont disparu corps et bien dans une tempête magnétique. L’aiguille vacille sans se fixer. Les pôles sont quelque part, non plus dans une direction déterminée, mais tout autour de soi, partout.
Il faut accepter le jeu de l’éternel recommencement, le retour au point mort. Comment donc faisait-on pour imaginer un chemin dans ce brouillard de signes, dans cet amas de molécules qui tourbillonnent ? Se défaire de toute certitude est une nécessité, un passage étroit vers l’éclaircis.
C’est toujours au moment le plus sombre, lorsque l’on désespère de porter à nouveau des fruits que les escarbilles métalliques s’ébranlent enfin, indiquant un horizon.
Un jour, quelqu’un de sage m’a dit « les marées basses font également parties de l’œuvre ». Depuis lors, muni de ma boussole et de mon épuisette, je pêche à pieds…
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