Le titre d’un texte est bien plus qu’une simple étiquette, c’est souvent un microcosme complet dans lequel évoluent les astres et les poussières, les comètes, ces chiens errants de l’imagination, et les habitants qui les peuplent.
Je me vois écrire comme on fait une rencontre. Tout d’abords le titre, un presque rien qui contient déjà tout, un prénom scandé comme une promesse de bonheur futur, ensuite viennent les développements ultérieurs, la détente d’un ressort comprimé. L’objet est identique, dans sa quantité de matière brute. C’est bien la même chose, occupant un volume plus important.
Le roman tout entier était encapsulé dans cette poignée de mots crachés à la face du monde, gémis, susurrés, jusqu’à en extraire le potentiel énergétique. La littérature se fait alors réaction en chaîne, fission du noyau dur. C’est du titre que je tire toute la force à venir.
L’essentiel est là, sous nos yeux, un calot dont les reflets rappellent d’autres paysages, des montagnes lointaines, des fleuves traversées, de vastes étendues. Je chauffe des gaz, je libère le diable de sa boîte et la création jaillit, un univers desséché qui se réhydrate.
Une étiquette, allons bon…une miniature qui croît au fil des pages. C’est tout l’inverse d’une peau de chagrin. Plus on l’invoque et plus elle grandit, recouvrant ainsi la totalité des espaces générés. Jeter un œil sur la couverture équivaut donc à contempler l’univers une seconde seulement avant le Big Bang, où toute la masse et toutes les forces de la gravité et du temps étaient encore contenues dans une tête d’épingle. Raisonnable à force d’habitude, Je commence toujours par le commencement.
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