Peu importe que l’on soit dévot ou mécréant. Pénétrer dans une cathédrale frappe toujours l’imagination. Il est inutile d’y comprendre quoi que ce soit pour estimer l’ambition des bâtisseurs. Je peux me promener dans les ruines d’Angkor, ignorant tout de cette culture étrangère, sans pour autant me départir d’un certain émerveillement qui dépasse la raison. La véritable grandeur transcende l’acquis, la réflexion, l’analytique.
À contrario, je vous mets au défi de vous exclamer devant un hypermarché Leclerc, bien que les dimensions des édifices susnommés soient souvent similaires. La taille n’a donc rien avoir là-dedans.
Le roman me fait un peu cette impression, quelques monuments dont l’étrangeté dépasse mon entendement sans toutefois me faire douter de leur valeur, beaucoup de zones commerciales et périurbaines qui s’étendent à perte de vue et maculent l’horizon. Évidemment, en tant qu’auteur, je ne peux prétendre à la première catégorie, mais tente tout de même de me démarquer de la seconde. Comme lecteur, il m’arrive d’aimer vraiment certains livres ratés. Les amateurs d’architecture religieuse savent qu’à Beauvais, les massons n’ont jamais dépassé le stade du choeur. Ici, pas de nef, pas de tour, ni clocher, ni façade. L’adjonction d’une flèche démesurée fit même s’écrouler la voûte la plus haute jamais construite. Quoi qu’il en soit, il faut essayer de toucher du doigt la grandeur, la démesure, sans se soucier du résultat. Ce qui me laisse toujours sur le flanc, c’est bien le manque d’ambition.
@ Bon sens :
Comme l'a si bien dit le grand philosophe Stumy Bugsy : "Si tu rèves d'un chateau, t'auras peut-être qu'une maison Merlin, mais si tu rèves d'une maison Merlin, t'auras que dalle" ;)))
Rédigé par : Mikael | 08 août 2007 à 23:47
Moi je ne cesse de le répéter : Viser d'entrée de jeu le Masterpiece !
Et si c'est foiré, ça fera un bon roman de gare :)
Bonnes vacances !
Rédigé par : Bon_sens_ne_saurait_mentir | 08 août 2007 à 23:04
Là, j'abonde totalement dans votre sens. Fort heureusement, les critiques n'ont qu'une influence très limitée, voir nulle. Je ne voue pas un culte à Sainte-Beuve comme Assouline et ne me morfond pas sur la dilution de leur pouvoir dans la toile d'internet. Il est vrai qu'un certain talent est nécessaire pour bien faire ce travail, mais l'élitisme journalistique n'était pas pour moi une garantie suffisante. Il n'y a pas moins de prétentieux incompétents dans les rédactions officielles que sur le web, alors à quoi bon défendre ce qui n'est finalement d'un sectarisme de plus, une lutte sectorielle.
Certains livres resteront certainement en dépit de ce qu'on en pense aujourd'hui, mais tout ce qui en est dit finira par disparaitre.
Rédigé par : Mikael | 04 août 2007 à 12:46
Certes. Je suis bien conscient qu'un avis critique est tributaire d'un temps et d'un espace, et que le recul du temps permet d'y voir plus clair.
Les exemples en littérature abondent, de ces artistes incompris de leur temps et que la postérité adoube à titre posthume, lavant de fait l'affront qui leur avait été fait (mais bon, ça leur fait une belle jambe, une fois morts).
Cependant, il me semble qu'un des travers de la modernité est de vouloir le modernisme à tout prix. Toute nouveauté littéraire qui reproduit les tics de l'époque passe pour un chef-d'œuvre, alors qu'il sera vite démodé par la suite. Et inversement, toute œuvre "un peu classique" est décriée par le sérail des critiques branchés (les Inrocks).
Ainsi, un glissement subtil s'est insinué dans la réception d'un livre - on ne veut pas passer à côté de l'artiste incompris car en avance sur son temps - mais finalement, cette bonne intention qui veut réparer les torts du passé ne fait que les reproduire en négatif, oubliant le rôle nécessaire du temps pour séparer le bon grain de l'ivraie.
Rédigé par : Thibault Malfoy | 04 août 2007 à 09:42
@Thibault Malfoy
Oui, il y a bien sûr de ça, mais gardons nous de tomber dans le culte du passé et le dégoût de soi. Il est très difficile de juger sa propre époque et ce qui nous parait aujourd'hui grandiose et démodée fut souvent décrié et mal compris en son temps.
Peut-être sommes nous entrain de passer à côté du meilleur, aveuglés par la lumière des projecteurs, assourdis par le brouhaha de la foule.
Rédigé par : Mikael | 02 août 2007 à 20:13
L'image de la cathédrale me fait naturellement penser à l'œuvre de Proust... Son ambition serait peut-être aujourd'hui anachronique (en France en tout cas).
La (post-)modernité a mis à bas toute construction intellectuelle verticale et qui tenterait d'élever le lecteur au-dessus de sa condition.
A la place, un horizon nivelé (par le bas), une médiocrité égalitariste, la monotonie d'un troupeau de moutons uniformes.
La fin du sacré a fait baisser le regard aux hommes : ils ne contemplent plus la voûte céleste (de toute manière occultée par la pollution) mais leur nombril.
Autrefois, l'homme tenait la Terre pour le centre de l'Univers. Maintenant, c'est son nombril. Où est le progrès ?
Rédigé par : Thibault Malfoy | 02 août 2007 à 18:05
Il n'y a pas quelqu'un qui a dit, qu'il faut savoir se donner les moyens de ses ambitions ?
Rédigé par : jerome | 02 août 2007 à 08:53