La réalité est une infinité de perceptions simultanées, une expérience totale qui monopolise les cinq sens de manière continue, température de l'air, qualité de la lumière, etc...
Fort heureusement, une partie de notre cerveau nous permet de gérer tous ces paramètres sans même y prêter attention.
Il serait vain de vouloir rendre compte de ces phénomènes qui nous pénètrent. On peut dire que Manhattan transfer de Dos Passos va pourtant dans ce sens, multitude de pensées et de sons qui s'entrechoquent dans un vase clos, la gare de Grand Central à New York, aussi bien que la conscience elle-même.
Écrire consiste le plus souvent à restreindre le champ des possibles à une quantité de facteurs facilement gérables. Il faut trier, élaguer, réduire les têtes de manière proportionnelle, comme le faisaient les Jivaros.
Curieusement, la lecture allume dans notre cortex les zones correspondants à l'ouïe, au goût, comme si l'évocation des sensations provoquait en quelque sortes les sensations elles-mêmes.
Le résumé, aussi succinct soit-il, se dilate alors sous l'oeil du lecteur et restitue la plénitude d'une vie qu'il ne fait pourtant qu'évoquer. Le roman devient l'aperçu métonymique de l'existence.
Commentaires