« Les écrivains étaient de moins en moins lus pour la bonne raison qu'on n'avait plus besoin d'eux, mais de prophètes, d'hommes armés et porteurs d'une parole. »
Alina Reyes, Forêt profonde, Paris : Le Rocher, 2007, p54
« Le forcené, nouveau terroriste de l’époque ultra-libérale, n’était-il pas aussi la seule présence messianique de ce temps post-moderne, le possédé aveugle, venu purger la société qui l’avait maladroitement enfanté. Le fou criminel devenait alors pour Thomas, l’interprète du monde, le lecteur attentif des égarements contemporains, un catalyseur. Il questionnait la société comme le faisait autrefois l’écrivain. Lorsque celui-ci aurait enfin rempli le monde de son évangile sanglant et inarticulé, ce serait la fin de l‘Histoire et Fukuyama n’aurait plus qu’à aller se coucher.
Au moment même d’écrire, Thomas réalisait pourtant à quel point l’écriture était devenue obsolète, non plus le fruit blet d’une impossibilité technique et existentielle, mais un cadavre refroidi et muet. Pour exister et faire surgir la parole, mieux valait à présent prendre les armes et tirer sur la foule. »
OMICRoN, p106
« L'ex leader des serbes de Bosnie est un poète raté, mais un vrai criminel de guerre, inculpé par le tribunal pénal international de la Haye, notamment de génocide pour les atrocités commises pendant la guerre de Bosnie (...) dans ses interviews pendant la guerre, il se vantait du caractère prémonitoire de ses vers où, dès 1971, il évoquait « une terrible vision de Sarajevo, brûlant comme de l'encens avec notre conscience s'envolant en fumée » Ou bien : « Je suis né pour vivre sans tombeau et ce corps humain ne mourra jamais; il est né seulement pour sentir les fleurs, mais aussi pour incendier, tuer et tout réduire en poussière... »
Marc Semo, Libération, le 22 juillet 2008
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