Dès que l’on écrit un
livre, ou du moins un texte que l’on ambitionne de publier un jour
-On ne se réveille malheureusement jamais avec un manuscrit de
trois cent pages tout ficelé sur son bureau, comme dans Le
Créateur d’Albert Dupontel- il faut nécessairement
endosser, souvent malgré soi, les habits de l’Écrivain.
Comme on ne construit rien en prétendant faire tout autre
chose, il faut donc assumer sa posture (Impossible, en effet,
d’incarner le Père Noël sans habit rouge ni fausse
barbe. Personne n’y croirait, quand bien même la prestation
serait impeccable). Certains personnages répondent à
des codes bien définis qu’il serait vain de vouloir
modifier. Les clichés ont la vie dure, au point de phagocyter
parfois une réalité déviante et originale.
Évitez les stéréotypes
et vous sèmerez la déception autour de vous, si bien
qu'il faille souvent mentir et se conformer pour exister. On joue
d'une certaine manière à l'écrivain que l'on
finit par devenir et de ce jeu nait toujours un sentiment d'imposture
qui se prolonge bien au-delà de la publication. La comédie
perdure sans doute jusqu'à la fin, puisque l'œuvre rêvée
se dérobe à mesure qu'elle s'élabore et que les
modèles s'éloignent à mesure que l'on progresse.
En définitive, on n'est jamais écrivain tout à
fait.
On est d'autant moins écrivain qu'il y a toujours un deuxième métier à côté. Dès lors, qu'on ait publié ou pas, on a toujours l'impression que l'activité littéraire est secondaire dans la réalité, même si dans l'inconscient de l'auteur ce n'est pas le cas.
Prenons Gracq. S'il avait été moins célèbre, on aurait dit que c'était un enseignant qui écrivait.
Rédigé par : Feuilly | 28 janvier 2009 à 21:50
Drôle de monde, en effet.
Rédigé par : Une Ville Un Poème | 18 décembre 2008 à 14:51