Au fil du temps, à force d'échecs et de culs de sac, on arrive véritablement à désapprendre. C'est un processus long et difficile, mais qui vaut la peine d'être entrepris. Il s'agira « d'acquérir du naturel », au sens où la nature n'est pas un état inné, mais bien quelque chose qui paradoxalement vient avec l'âge. Si d'après les psychologues, l'injonction paradoxale « sois spontané ! » rend les enfants schizophrènes, je suis pour ma part convaincu qu'elle libère l'écrivain (peut-être parce qu'il est déjà relativement schizoïde).
Essayons de reléguer le cerveau analytique à l'arrière plan, pour ne lui attribuer, non plus le rôle du funambule, mais bien celui, moins spectaculaire, du filet de sécurité prévenant sa chute éventuelle.
C'est vrai que le naturel fait partie des extrémités de la vie. L'enfance — innocence — rejoint ainsi la vieillesse, plus tard, après avoir passé par la case surveillance, "moi" adulte, contraintes et autres craintes de ne pouvoir être soi. C'est Houellebecq qui disait dans "Rester vivant", reprenant des idées de Schopenhauer : "Toutes les choses souffrent jusqu'à ce qu'elles soient". Ce qui me semble plutôt juste. Et il y a, en effet, du naturel dans la vérité.
Rédigé par : Nicolaï Lo Russo | 28 mai 2009 à 13:09