La parution des oeuvres complètes, pour signifiante qu'elle soit, devrait tout comporter, notes, notules, brouillons, ratures, manuscrits inédits et non prétendre à la perfection glacé d'un corpus longuement peaufiné où le définitif rivalise avec la manipulation pure et simple. La tentative de définition du réel doit être la plus vaste possible, emprunter des chemins de traverse, se perdre dans des culs de sac, et même accepter la médiocrité éventuelle. La volonté des ayants-droits, et parfois celle de l'auteur lui-même (je pense ici à Nabokov) devraient être écartées au profit d'une présentation exhaustive. C'est dans l'accumulation des détails et non la dissimulation qu'apparait une quelconque vérité.
Les textes publiés, généralement minoritaires dans une oeuvre, reflètent-ils d'ailleurs quoi que ce soit, à l'exception du goût éditorial ? Non seulement, les livres publiés sont des accidents éparses, échappant au continuum littéraire, je veux dire en cela, extrait par la main du hasard, d'une chronologie imperceptible au lecteur, mais la nature même de ces textes est souvent falsifiée (améliorés diront les plus optimistes) par le filtre éditorial :
« Je me rappelle le temps où les premiers romans de Michel Michel, présentés par Dominique Aury, étaient discutés en Comité . « Il devrait raccourcir le II, refaire le IV, s'amputer du VII !... » Ces romans prisés par beaucoup, en hémisphère nord, et dont maints DEA et Phd doivent maintenant restituer les nécessités d'architecture, etc, étaient dépecés, prothésés, en Comité. »
Michel Deguy
Un texte inédit, publié à titre posthume n'enlève rien à la qualité de ce qui est déjà connu, même faible, il apporte son lot d'enseignements et n'entache pas la prétendue beauté d'un ensemble de textes élagué par des exécuteurs testamentaires qui portent bien leur nom.
Disons que cette note (comme son titre l'indique) est a rapprocher de la précédente. Puisque écrire consiste à tourner sans cesse autour du pot, autant disposer du plus d'informations possibles pour s'en faire une idée précise (du pot !).
Quant à la cuisine, si l'on ambitionne de devenir chef, mieux vaut tout de même si intéresser...
Rédigé par : Mikael | 22 juillet 2009 à 23:20
Oui, non, peut-être... En fait, je ne sais pas si je suis d'accord avec Deguy cher Mikaël...
Ce que sais, en revanche - faisons dans le prosaïque -, c'est que lorsque je déjeune ou dîne au restaurant je préfère nettement la salle à la cuisine.
Rédigé par : Chr. Borhen | 22 juillet 2009 à 19:58