Comme on n'écrit jamais le livre que l'on désire, que l'on attend, tous les livres ne sont que des échecs à cerner l'objet inconnu qui obsède. Si, comme le pressentait Paulhan, la Terreur consiste à nier la réussite du langage à véhiculer le sens, à jamais intransmissible, je crois, terreur subsidiaire, que le livre est la marge d'une page restée invisible. Comme un astre en déroute, orbitant autour d'un trou noir super massif, le livre, par sa seule présence, révèle l'existence d'un à côté plus vaste et pourtant imperceptible. Par une succession de tentatives malheureuses, l'écrivain cerne tant bien que mal un périmètre dont il ne saurait décrire l'étendue avec justesse, faute de moyen adéquat. Le tracé de la circonférence trahit ainsi la réalité du centre obscur. D'où l'importance finalement des œuvres complètes, guide balisé du pourtour, empreinte laissée par ce qui n'a pas été.
Sans doute, Nicolaï, sans doute...
Rédigé par : Mikael | 16 juillet 2009 à 23:32
Je ressens aussi ce que vous dites."Toutes les choses souffrent jusqu'à ce qu'elles soient", notait Houellebecq dans ses premiers écrits. Je crois pour ma part que c'est précisément cette souffrance, cette zone, qui caractérise le mieux ce que les choses ne seront peut-être jamais. La queue de la comète, puisque vous goûtez l'astronomie, est plus brillante que la comète. L'important, en somme, est dans les trajectoires. Dans ce qui les compose.
Rédigé par : NLR | 16 juillet 2009 à 19:22