Si le milieu de l’édition enseigne quelque chose, c’est bien la patience, la résignation aussi parfois, mais surtout la patience. Les mois et les années s’écoulent. Les projets battent de l’aile, s’étiolent, mais survivent tout de même dans un état végétatif proche du coma. Un coup de téléphone suffit alors et c’est la réanimation, les soins intensifs. Les éditeurs ont ainsi en permanence une multitude de possibilités sous le coude.
Les circonstances influent sur le bon vouloir. On s’adapte pour survire, on saura choisir le moment venu le géniteur approprié. Il est étrange de constater qu’une fois dans la place, le refus pur et simple devient tout simplement tabou. On cherche sûrement ainsi à ménager ceux qui l’ont trop subi durant le siège de la forteresse. On préférera toujours faire traîner en longueur plutôt que de dire non. Après tout, le vent pourrait tourner.
J’évoque cette situation alors que les alizés se font justement attendre. Le mois d’août est le Pot au noir de la littérature. Les voiles sont affalées et traînent en tas livides sur le pont. La mer est d’huile. On entend même plus le clapotis du ressac sur la coque. Si seulement j’étais moi aussi sur ce navire, même englué dans le calme et les sargasses, l’attente deviendrait alors supportable, mais non, je suis à terre. Je l’ai déjà dit et j’angoisse de ne pas savoir, de ne rien voir à l’horizon.
Je fais et défais ma tapisserie et j’attends, pendant que les hérauts, partis guerroyés on ne sait où restent coincés entre deux dépressions. Je fais et défais ma tapisserie…
Allez Ulysse, quoi, reviens !
C'est étrange, je détesterais ça : avoir un agent... Mais je n'ai jamais arpenté le quartier latin : c'est trop loin ! Je me suis quand même faite jeter de deux maisons d'éditions avant de trouver le "bon"...
Rédigé par : emmanuelle Pagano | 24 août 2006 à 14:36
Marre de faire du porte à porte, de devoir séduire, d'arpenter le quartier latin, marre de me faire entuber par des éditeurs sans scrupule, marre de devoir me contenter de contrats désavantageux avec petites lignes en bas de la page.
Maintenant, j'ai un seul interlocuteur (disponible celui là !) qui sait à qui s'adresser en fonction du texte que je lui propose et je peux me consacrer à 100% à l'écriture, sans me soucier des manuscrits et des lettres de refus.
je n'y vois que des avantages et d'ailleurs, je suis persuadé que cette pratique (encore marginale ici, c'est vrai) va rapidement se généraliser.
Aux US, les auteurs sont mieux traités, les à-valoirs plus importants, les agents indispensables et tout le monde est content.
Si tu te penches sur l'histoire de l'édition française, tu t'aperçois que ces intermédiaires auraient aussi pu se développer ici dès les années trente comme ailleurs, mais que les Gaston gallimard et Bernard grasset de l'époque ont tout fait pour tuer cette profession dans l'oeuf, car elle désservait leurs intérets.
Rédigé par : mikael | 23 août 2006 à 17:41
Je vois tout à fait ce que tu veux dire quand tu parles du "manque d'attention". Après tout, un éditeur ne pourrait pas vivre sans auteurs! Au fait, pourquoi as-tu pris un agent (ce n'est pas si courant!)?
Rédigé par : wrath666 | 23 août 2006 à 15:58
Ce contrat a déjà été modifié un certains nombre de fois et le sera sûrement encore. Il faut parvenir à un compromis acceptable par toutes les parties. ça négocie, ça se chamaille sec, mais bon, de ce côté là, je ne m'inquiète pas trop.
Ce qui m'agace, c'est le manque d'attention. Je me doute bien que je ne suis pas le seul auteur sur la place de Paris, mais j'aimerais qu'on me le fasse croire de temps en temps, chose que mon agent maîtrise à la perfection et que mon éditrice ignore.
Ceci dit, je suis mauvaise langue, elle m'a envoyé un mail il y deux jours....pour me dire qu'elle repoussait notre prochain rendez-vous...soupir !
Rédigé par : Mikael | 22 août 2006 à 14:28
ça fait combien de temps que tu n'as pas de nouvelles? et est-ce que tu as déjà signé ton contrat? (je suis exactement ds le même cas, ce qui commence à sérieusement me taper sur les nerfs!)
Rédigé par : wrath666 | 22 août 2006 à 14:18