Le charme du mythomane est de bâtir des cathédrales qui se dissolvent au fur et à mesure de leur apparition. Ce qui se fait sous nos yeux, se défait aussitôt. Pourtant, c'est précisemment cet aspect éphémère que l'on ne pardonne pas au menteur, l'absence de trace.
L'écriture serait, quant à elle, une forme socialisée de mensonge. On en tolère les manies parce qu'elle est productive. Il en reste toujours quelque chose, aussi microscopique soit-il. On en tolère les exigences par souci matériel. Autant canaliser la pulsion que l'on ne peut réfréner et s'en servir pour meubler les bibliothèques. Ce mensonge qui dure n'est qu'un exotisme de plus, un auto-dépaysement si l'on veut.
En fin de compte, la fiction est le fruit de ces tendances opposées, refus religieux de l'affabulation et désir de préservation. L'écrivain est donc un artiste qui craint le vide et "les contraires se guérissent par les contraires".
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