Comme il est difficile de rencontrer ses semblables, le petit peuple du livre qui vit et s'émeut pour ces pages que l'on ne coupe plus soi-même et dont on renifle les odeurs de colle avant même de les appréhender avec les yeux (on les savoure d'abord avec le nez, comme un enfant).
C'est précisement lorsque l'on désespère que le courant s'inverse et que les absents tant recherchés se montrent enfin, s'agglomèrent et vous redonne la foi. Dans les cafés, autour d'une Grimbergen, il est encore plaisant de refaire le monde (littéraire) et de revivre un moment oublié, un vestige toujours fumant de l'adolescence.
On se balade dans une ville étrangère, une ville si lointaine et si proche, que l'on croit connaître par orgueil. Au petit matin, quelques promeneurs déambulent par les rues et les passages vitrés, réinvestissent des lieux momentanément déserts. Les boutiques sont encore fermées. On entend au loin le grondement des rideaux de fer que l'on ouvre à nouveau après une nuit trop courte.
Et puis l'on se rend au bord de cette eau un peu glauque et bordée d'usines où la culture fait une timide avancée, une reconnaissance en terrain toujours hostile. C'est alors la surprise de voir les gens venus si nombreux, passer une heure en compagnie d'un livre dont ils ignorent presque tout. C'est à l'attention que je prête attention, aux plissements du front, aux mains qui se joignent et se nouent, aux questions toujours pertinentes. Qui osera dire que les lecteurs ont disparu ?
Un grand merci à toute l'équipe du Port du Livre 2007 pour leur passion, leur culture et leur enthousiasme à partager leurs découvertes.
Un dernier détour par la sublime librairie Tropismes où s'étalent déjà les livres de la rentrée littéraire et puis l'on quitte Bruxelles en ayant l'impression d'y avoir passé une semaine, plutôt que vingt-quatre heures. Les belles rencontres, ça vous dilate le temps !
Les commentaires récents